10 février 2020

Le boomer et la mécanique quantique


Pour en finir avec les identités ?



Le chat de Schrödinger alias Cookie


Il y a des collisions étranges dans le journal, parfois. Au réveil – 5 h du matin et les gratouillements de Cookie m’ont empêché de me rendormir – je lis dans Le Monde du 22 janvier (2020) qui traîne au pied de mon lit depuis quelques jours un entretien avec Michèle Delaunay qui vient d’écrire un livre sur Le fabuleux destin des baby-boomers. Au dos, sans rapport apparent, un article sur Les univers parallèles qui annonce en titre : « Dans le monde quantique, plusieurs réalités se superposent ». Sans rapport, dis-je, sauf qu’il se conclut ainsi : « Nous existons et nous n’existons pas. Nous sommes vivants et morts. Voilà ce que nous dit la physique quantique. »

Dans son entretien, Michèle Delaunay situe d’abord les « boomers » dans le temps. Ils sont nés entre 1946 (+ 200 000 naissances cette année-là) et 1969 (pour Sirinelli) ou 1973 pour Delaunay, année où, note-t-elle, les naissances ont chuté de façon importante. Dans cette large fourchette, où je me retrouve aux côtés des enfants de ma sœur aînée, Delaunay distingue les « oiseaux du matin », nés avant 55, élevés dans le manque de la guerre et dans une culture encore paysanne (je ne me souviens pas d'en avoir souffert), des « oiseaux de midi », qui ont connu la publicité, la consommation, etc. et qui ont été davantage confrontés  « au rétrécissement du marché du travail ». Les « oiseaux du midi », les « boomers » de la dernière heure ont été baptisés un peu ironiquement par Serge Guérin les « quincados » (= quinquagénaires vivant comme des adolescents). Plaidant pour un allongement optionnel de la vie active et une réinjection souple des « vieux » boomers dans celle-ci, elle préconise en quelque sorte une « révolution de l’âge ». 

Mais elle souligne aussi le manque d’anticipation dans la gestion des « trente pleureuses » qui vont s’ouvrir, à raison de 2000 morts par jour à prévoir, peut-être plus et plus vite si la sédation profonde et continue est déléguée à la médecine de ville (ça, c'est mon commentaire du jour en écoutant France Cul). Selon elle, seules les entreprises funéraires anticipent ces morts en série à venir, alors qu’il faut dix ans pour construire un Éhpad, sans doute un peu moins pour un incinérateur. Elle qualifie les questions posées par ce vieillissement de « vertigineuses sur le plan sociétal, philosophique, économique », « religieux » ajoute-t-elle-même, soulignant que le deuil civil, au contraire du mariage, n’est pas pris en compte par la République.

En disant que nous sommes vivants et morts à la fois, la physique quantique énonce peut-être sinon la solution, du moins suggère que la séparation ne soit plus autant marquée entre les deux. N’est-ce pas ce que certains éprouvent, au passage à la retraite, d’être à la fois morts et vivants, morts du fait de l’arrêt de leur vie professionnelle, et vivants, de leurs désirs intacts, de leur vie continuée, familiale, relationnelle, bénévole, etc.

Allons plus loin. Penser à la lumière d’un esprit quantique que l’on peut être à la fois mort et vivant ne contribuerait-il pas à résoudre par extension, et à tous les âges, certains cruels (et faux ?) dilemmes de l’existence, autour de l’identité – ne suis-je pas aussi homme et femme à la fois, homo et hétéro, jeune et vieux, de gauche et de droite, etc. – ou de la dépression : à quoi bon se suicider au risque de se retrouver vivant dans un univers parallèle ? D’où sans doute la grande sagesse du proverbe yiddish, à méditer par tous les boomers et les autres : « Ne succombez jamais au désespoir : il ne tient pas ses promesses. »

 


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