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02 novembre 2023

Toussaint

Thérèse de Lisieux à l'âge de 8 ans

Divisés et séparés

Dès que je parle, je me divise, entre ce que je dis et ce que je voulais dire, entre le silence que j'étais et le bruit que je deviens, entre ce que je suis et ce que je parais être, entre ce que j'avais - croyais avoir - et qui m'a échappé, que je crois avoir perdu. 

Lorsque Dieu a parlé, il s'est lui aussi divisé, entre Lui et sa Création. "dieu Dit et cela fut". Chaque fois qu'il parle, qu'il ouvre la bouche, il crée. Chacun de nous est donc un mot de Lui qui, à peine prononcé, est devenu silence de Dieu. Voilà pourquoi sans doute nous le cherchons dans le silence, ce silence d'avant notre naissance, à l'origine du monde. Je suis né d'avoir été parlé par Dieu, épanché, craché, expulsé de Lui. 

Depuis que nous parlons, comme Dieu nous vivons divisés, division dont Platon a imaginé un récit dans son Banquet. Nous voudrions revenir à la source silencieuse de nous-mêmes, nous reconstituer un en Lui, quand Il n'avait encore rien dit de nous, quand nous n'ex-istions pas, dans l'Être ou l’antre maternel ou, comme le dit saint Jean à propos du Fils au début de son évangile, en kolpos tou patrou, « dans le sein du père ». Mais nous ne pouvons pas rebrousser chemin, nous devons aller de l’avant pour revenir à Dieu.

Car non seulement nous sommes divisés, mais aussi nous sommes séparés. Séparation qu’Augustin pressent dans l’inquiétude intime qu’il éprouve et confie à Dieu – et donc à nous qui le lisons - au tout début des Confessions : « tu nos fecisti AD Te et cor nostrum inquietum est donec requiescat IN Te », « tu nous as faits POUR Toi et notre cœur est inquiet jusqu'à ce qu'il repose EN Toi. » 

Notre division intime ne nous aide pas à nous réunir à un ou une autre, lui-même, elle-même divisée. Qui est moi, qui est elle ou lui, qui s’attire ou se repousse ? La loi de l’attraction universelle est bien singulière entre hommes centrifuges et femmes centripètes, hommes qui vont et femmes qui viennent - qui s’assemble ne se ressemble pas - et c’est miracle que le tenon trouve sa mortaise. Butine papillon depuis l’aube et c’est bientôt le soir et la mort mais ton cercueil est une chrysalide d’où tu renaîtras.

Toussaint, « tous saints comme Dieu est saint », disait la petite Thérèse, séparés parce que divisés, divisés parce que séparés, c’est peut-être Paul Claudel qui a raison : « quand la Terre ne sert qu’à vous séparer, c’est au Ciel que vous retrouverez vos racines. »


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