Affichage des articles dont le libellé est Assomption. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Assomption. Afficher tous les articles

14 août 2023

L'Assomption, dernier dogme de notre temps ?



Trois déconvenues pour une espérance


 Les messes catholiques des dimanches et fêtes proposent systématiquement trois textes. Il est rare qu’il n’y ait pas un texte de l’Ancien – certains préfèrent dirent le Premier – testament. Or, aujourd’hui, pour l’Assomption fêtée le 15 août, point de lecture du Premier testament. En lieu et place, on lit le chapitre 12 du dernier livre de la Bible, que nous Français nommons, par simple translittération du grec, l’Apocalypse, les Anglais ayant traduit par Revelation et les Allemands par Offenbarung. C’est un texte fameux, celui du « signe de la Femme », peut-être le plus extravagant, le plus puissant de toutes les Écritures. Un texte qui pourrait donner à lui seul l’envie de devenir écrivain. Le drapeau européen lui doit les douze étoiles qui couronnent la femme en question, au grand dam de Jean-Luc Mélenchon. Maurice Clavel a naguère emprunté à ce passage le titre d’un de ses livres, Le tiers des étoiles – « que balayait la queue du dragon ». La tradition chrétienne superpose l’image de cette Femme et celle de la Vierge Marie au point de les identifier. Le dragon en question, écrit l’auteur inspiré, « vint se poster devant la Femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. » Ce monstre est décrit, excusez du peu, « rouge feu, avec sept têtes et dix cornes et sur chacune des têtes, un diadème. » Or l’enfant nouveau-né, contre toute attente, va lui échapper, on ne sait comment, et la femme aussi, qui « s’enfuit au désert où Dieu lui a préparé une place. » C’est la première déconvenue, celle du diable, que d’aucuns préfèrent voir habillé en principe - du mal avec ou sans majuscule - plutôt qu’en être fantastique cornu ou revêtu d’un costume trois pièces tirant sur le rouge. A chacun de juger s’il se sent plus apte à combattre un principe ou un ennemi mieux distinguable. En tout cas, nul besoin ici de refaire le match. Vierge Marie : 1. Démon : 0. 

Le second texte lu en ce jour est extrait de la première lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe (Grèce) (1 Co 15, 20-27). Tout aussi visionnaire, mais sous une forme théologique rigoureuse, Paul présente le Christ comme « le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » (dans la mort). Pour l’apôtre, de même que la mort est venue par un homme, Adam, de même recevrons-nous la vie dans un homme, Jésus Christ. C’est « après avoir anéanti parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance » que le dernier ennemi, la mort, sera lui aussi détruit. Deuxième déconvenue des puissances négatives. Homme : 1 – Mort : 0. Mais on l’a bien compris, chez Paul, ce n’est pas pour tout de suite : il faut attendre le retour du Christ. Pour l’heure, tout le monde meurt, Heidegger a encore raison quelque temps.

Dans le troisième texte (Luc 1, 39-56), l’évangéliste Luc rapporte le tableau bien connu dit de la Visitation de Marie, juste enceinte après l’Annonciation, à sa cousine Elisabeth, qui en est, elle, à son sixième mois (Luc 1, 36) et va donner naissance à Jean, le futur baptiseur du Jourdain, cette sorte de « faux-jumeau » de Jésus. Élisabeth sera sans doute accompagnée par Marie jusqu’au terme de sa grossesse puisque Luc précise que Marie resta trois mois auprès de sa cousine : 6 + 3 = 9. Futurs comparses du Salut, l’un en précurseur et l’autre en annonceur, Jean le fœtus reconnaît déjà Jésus l’embryon en sautant de joie dans le sein maternel, le texte liturgique dit de façon plus emphatique : « en tressaillant d’allégresse ». C’est cette joie que partage Marie en disant les paroles qui sont devenues le chant chrétien du Magnificat. Marie étend la faveur qui lui a été faite par Dieu – « Il s’est penché sur son humble servante » - au-delà de sa personne, comme un étendard prophétique, quasi-révolutionnaire : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. » Troisième déconvenue du « monde » : Dieu : 1 – Puissants et riches : 0.

Que pourrions-nous encore craindre au soir d’une telle journée, devant la déroute totale du diable, des puissants de ce monde et de la mort même ? Leur triple défaite fonde l’espérance de l’humanité tout entière. Et c’est en Marie que cette espérance, chez les catholiques, aime à se refléter. C’est peut-être pour que ce reflet soit plus parfait que le pape Pie XII, en 1950, a énoncé le dogme de l’Assomption, selon lequel Marie serait passée directement de la vie à la gloire en Dieu par une mort atténuée en dormition, selon la terminologie orthodoxe. La peinture religieuse s’était emparée bien avant cette date de la fin de vie glorieuse de la Vierge Marie, comme dans ce tableau du Titien qu’on peut voir à Venise, dans l’église des Frari, où la mort de Marie devient ascension.

(à quelques retouches près, ce billet a été publié pour le première fois le 15 août 2017)


Bonne fête, les Marie !


L'omelette du parti Renaissance

 Avec ce tract pondu cette nuit à 2 h 39 dans les boîtes à lettres électroniques, les équipes du parti Renaissance ont atteint ce qu'on ...