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01 mai 2022

Pour un « Front démocratique » aux élections législatives



Quel nom donner à l’opposition démocratique lors des élections législatives ?

Je fais partie de celleux qui ont voté Mélenchon au premier tour des présidentielles, un vote utile un peu à contrecœur, mais pour conjurer la configuration d’un second tour qui semblait aussi inéluctable qu’inutile, soit un nouveau face-à-face entre le futur président et, comme n’a pas manqué de le souligner Zemmour au soir du 24 avril, le « huitième échec » de la famille Le Pen.

Je fais partie aussi des déçus d’Emmanuel Macron, qui s’étaient enthousiasmés dès 2016 pour ce jeune candidat qui voulait renouveler la vie politique et lui insuffler un nouvel élan, notamment en la débarrassant du clivage gauche/droite pour rallier à lui tous les « progressistes ». J’avais en son temps largement décortiqué le livre-programme Révolution de ce météore qui s’est installé depuis dans le paysage politique. Frédérique Dumas, ex-députée LREM, vient de conter sa désillusion macronienne – entre autres - dans un livre de souvenirs sans filtre sur sa carrière de productrice de cinéma et sur le pouvoir en général : Ce que l’on ne veut pas que je vous dise (Masson éditions).

Alors que les tractations vont bon train entre les « partis de gauche » qui mangent (ou pas) dans la main de Mélenchon pour sauvegarder leurs circonscriptions, on s’interroge sur la meilleure bannière qui pourrait rassembler à gauche une alternative au RN et à LREM. La France insoumise (ou Union populaire) ne peut prétendre écraser ses vassaux encore vaillants au plan local et ce n’est sans doute pas son intérêt électoral. Mais la manne financière que représentent des voix et des élus locaux pour le financement des partis au cours des cinq ans à venir interdit à tous de perdre leur identité et va donc être disputée âprement. D’autant que le seuil de 12,5 % des électeurs inscrits (et non des suffrages exprimés) exigé pour se maintenir au second tour place la barre assez haut, notamment en cas de forte abstention. Raison primordiale pour s’entendre avant le premier tour.

Quel nom commun donner à ce qui pourrait sortir des discussions en cours ? La vie politique ne manque par de vocabulaire pour désigner ses organisations : Parti, Union, Rassemblement, Convention, Front, Fédération, Ligue, Organisation, Mouvement, Alliance, Alternative, Force, Centre, Action, Lutte et j’en oublie sans doute.  L’Union de la gauche aurait un air rétro. Le Front populaire reste un moment de l’Histoire dont il serait sacrilège d’emprunter l’étendard. Depuis, le Front a-t-il  été trop longtemps national pour être récupéré à gauche ? « Front de gauche » aurait pourtant quelque allure, même s’il se situerait  dans l’opposition plus que dans la proposition. Mais l’appellation a déjà été utilisée par Mélenchon. Le Front national s’est lui-même débaptisé en « rassemblement » misant une partie de sa « dédiabolisation » sur ce changement de nom. Difficile aussi de marier le national et le socialiste pour d’autres raisons historiques... Comment par ailleurs utiliser le mot « peuple » ou l’adjectif « populaire » sans être accusé de populisme ? Il s’agit bien de se « rassembler » et naguère il y eut un Rassemblement pour la République... L’adjectif socialiste a fait son temps et connote trop le quasi-défunt PS.  Le mot « parti » semble inadéquat pour désigner l’union électorale de partis différents. C’est pourtant de cela qu’il s’agit : d’une union pour gagner des élections, à laquelle chacun doit  prêter un peu de son identité quitte à en perdre une partie. 

L’enjeu de ces élections législatives est inédit : il s’agirait d’imposer une cohabitation au locataire de l’Élysée, en considérant les élections de juin comme un troisième tour des présidentielles, alors même que le quinquennat a été créé pour éviter cette cohabitation (idée bien déconstruite par Blast). En demandant « élisez-moi comme Premier ministre », M. Mélenchon a clairement revendiqué le leadership qui serait issu des résultats. Mais rien ne permet d’augurer que l’effondrement des partis historiques, PS, Verts ou PC auquel on a assisté à l’élection présidentielle, sera de même ampleur lors des scrutins locaux, d’autant que des positions fortes ont été assurées lors des municipales dans certains grandes villes, par exemple, ainsi que dans les élections départementales et régionales. 

Aussi, Front démocratique ne serait-il pas un bon dénominateur commun, chacun restant identifié avec son étiquette originelle ? On aurait ainsi des candidatures uniques au premier tour, Front démocratique-PS, Front démocratique-PC ou Front démocratique-Les Verts, Front démocratique-FI. La question de l'étiquette ainsi réglée, il ne reste qu'à définir un candidat unique de ce Front démocratique dans chaque circonscription. S'il gagne, il sera toujours temps de choisir un Premier ministre dans le parti arrivé en tête au sein de ce Front pluriel et de composer un gouvernement dont les portefeuilles seront répartis à la proportionnelle, sachant que tous les ministères ne sont pas égaux... Mais nous n'en sommes pas encore là ! Rendez-vous les 10 et 17 juin.


25 avril 2022

Une bien étrange soirée électorale


La défaite en chantant

Marine Le Pen exprimait un soulagement manifeste - presque une joie - d'avoir à nouveau perdu l'élection présidentielle pour mieux rebondir vers une déculottée aux législatives. En soulignant que la marque Le Pen était responsable de son huitième échec, Zemmour n'a pas manqué d'enfoncer son coin et de prétendre à  la succession de cette lignée familiale défaite et jugée définitivement  incapable d'exercer quelque pouvoir que ce soit. Les discussions à l'extrémité de la droite, elle aussi fracturée, vont être savoureuses. Ces gens-là se foutent du "peuple" comme de leur première chemise. D'ailleurs l'accent mis sur le "pouvoir d'achat" dans la campagne montre le mépris dans lequel la famille de Montretout le tient : il n'est justement pas question de conférer au "bon peuple" un autre pouvoir que celui de survivre. Curieusement, le banquier qui les a fait rejouer et déjouer une nouvelle fois, n'est guère plus inspiré quand il brandit des "pass" ou des "chèques" (sic), comme ces nobles d'Ancien régime qui jetaient des écus aux manants, de la fenêtre de leurs carrosses.

La victoire absente

Côté jardin, la scénographie de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Champ-de-Mars était troublante. Il surgissait de la nuit, tenant la main de sa femme Brigitte, suivi par une cohorte d’enfants de tous âges, au son de l’Hymne à la joie de Beethoven, l’hymne de l’Union européenne. L’image n’arrivait pas à être joyeuse. Peut-être parce qu’elle évoquait irrésistiblement le terrible conte des frères Grimm, le joueur de flûte de Hamelin : vers quel destin ce président allait-il emmener les enfants de France ? Peut-être aussi parce la femme à ses côtés, le visage crispé, n’avait jamais paru aussi frêle ni aussi inflexible et que les brandebourgs de son dolman évoquaient, dans la nuit parisienne, les blanches côtes d’un squelette d’Halloween, vision d’une farce mi-maladive mi-tragique. Jamais non plus il n’est apparu aussi clair qu’il y avait un couple au sommet de l’État, ce que le témoignage récent de l'ancienne députée LREM, Frédérique Dumas, atteste*. Car à côté du tandem Macron-Kohler, le couple Emmanuel-Brigitte semble ordonner les décisions prises tant à l’Éducation nationale qu’à la Culture, rien d’important ne s’opérant semble-t-il dans ces deux ministères sans l’aval de celle qui fut enseignante et professeur de théâtre de son futur mari et président de la République.

Côté cour, sur le plateau de la télévision publique, on ne pouvait pas ne pas remarquer la réapparition de deux anciens membres du Parti socialiste, Ségolène Royal et Manuel Valls. Le second allait d’ailleurs fermement récuser la vieille étiquette politique que le banc-titre de la télévision avait accolée par erreur à son nom, tandis que la première, qui n’a pas ménagé son soutien au président reconduit, apparaissait dans la lumière du studio plus jeune et déterminée que jamais. Un Premier ministre qui serait une femme de l’ancien monde, teintée d’écologie, ça ne vous dit rien ? Un ancien Premier ministre qui repiquerait au gouvernement après une traversée du désert catalan, vous ne voyez pas qui ? Deux belles "prises" comme on dit désormais ?

Et maintenant ?

Le discours du nouveau président, lui, a sonné étrangement creux, comme le cortège qui le précédait, attendant de poussifs applaudissements que ses pauses mal calculées ne réussissaient pas à susciter. Ce n’est pas la mise en scène qui sauvera ce quinquennat, même si le spectacle s’est emparé depuis longtemps de la vie politique. Il va falloir une écriture solide pour faire apprécier la pièce qui va se jouer. Emmanuel Macron l’a-t-il compris ? Il paraissait lui aussi absent de ce moment, presque transparent, tel un élégant pantin mécanique doté à nouveau de tous les pouvoirs mais fatigué d'avance. Ou c’est nous qui étions sans illusions après avoir écarté le pire ?

* Ce que l'on ne veut pas que je vous dise - récit au cœur du pouvoir - Frédérique Dumas - Massot éditions (363 pages, 21,90 €)



L'omelette du parti Renaissance

 Avec ce tract pondu cette nuit à 2 h 39 dans les boîtes à lettres électroniques, les équipes du parti Renaissance ont atteint ce qu'on ...