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20 novembre 2015

Islam, devoir d'inventaire

dessin publié dans La Croix daté du 16 octobre 2023

Les Musulmans au pied du mur ?


Supériorité religieuse et échec civilisationnel

Pour Marcel Gauchet, qui s'exprimait dans La Croix du 9 juillet 2015, il y a « une crise très profonde de la conscience musulmane et un profond ressentiment envers l’Occident ». Cette crise et ce ressentiment viennent d’une contradiction entre l’esprit de l’islam, qui se considère comme la révélation ultime, englobant les autres monothéismes et supérieure à eux tous et le relatif « échec civilisationnel des sociétés musulmanes » en termes de développement, « de croissance, de confort matériel, d’avancée scientifique. » Chez nous – je traduis - il y aurait ainsi un décalage persistant entre une appartenance religieuse qui se vit comme supérieure à toutes les autres dans la clôture des mosquées et un quotidien humiliant dans l’extérieur des cités et la vie « réelle ». En outre, ajoute Gauchet, pour beaucoup de jeunes, l’exigence occidentale d’exister en tant qu’individu est insurmontable, faute d’une éducation suffisante. Le surgissement de fratries ou cousinages djihadistes – les frères Kouachi, les frères Abdeslam (et, depuis le 22 mars 2016, les belges El Bakraoui) – serait-il un des indices symptomatique de cette difficulté à s'étayer personnellement hors d'une fraternité biologique, supplétive du père absent ?

Le radicalisme comme revanche

J’ajouterais que cette éducation est pourtant proposée par notre système qui ne ménage pas ses efforts, mais qu’elle est souvent rejetée, parfois par simple paresse habillée de motifs culturels ou religieux. Il est en effet plus simple de trouver son identité en revendiquant son appartenance à une communauté forte, fût-elle d'abord virtuelle, celle qu’affirme et propose le fondamentalisme religieux, que d’aller à l’école réelle de la République pour y travailler sa capacité d'adaptation et d'assimilation à la société multiculturelle, complexe, qui est la nôtre. 

La lecture rigoriste du Coran – salafiste dit-on désormais - serait liée à l’espoir de renouer avec un passé glorieux et largement mythique, tourné vers l'utopie d'une domination mondiale. C’est cet espoir qui fait vivre aujourd’hui un certain nombre de jeunes, les entraînant dans les voies, intellectuellement paresseuses, du « radicalisme » qu’incarne par exemple, ces temps-ci Daech et son « califat » [depuis juillet 2014]. 

Entre l’échec scolaire et le djihad soi-disant glorieux, le commerce en bande de substances illicites et la case prison semblent former une sorte de sas et de couveuse dans le parcours des futurs acteurs de décapitations, d'attaques au couteau et autres tueurs suicidaires ("no future"), mis en scène complaisamment via Internet et nos médias pour former un spectacle auto-fasciné, narcissique. 

Ce rejet de l'éducation "occidentale" a pris en France, dans la période récente la forme du meurtre d'enseignants, vigies de la laïcité : Samuel Paty tué et décapité à Éragny le 16 octobre 2020, Dominique Bernard poignardé à mort le vendredi 13 octobre 2023 à Arras, dans son lycée même. Cruelles et absurdes vengeances de cancres ou volonté de faire taire la République et ses idéaux ?

Le djihad perverti

A noter que quelques analystes ont mis en doute le caractère religieux de la marque Daech. Ce caractère n'aurait été en réalité qu’un habillage folklorique pour attirer des jeunes en quête d’idéal religieux, survendu chez nous par d'habiles prosélytes. Ainsi, le calife auto-proclamé Al-Baghdadi [tué par les forces spéciales américaines en 2019] pourrait bien n'avoir été qu’une marionnette enturbannée, enrôlée au service d’une entreprise mafieuse elle-même orchestrée en sous-main par d’anciens officiers et dignitaires de Saddam Hussein, qui se seraient mués sous leur drapeau noir en pirates du désert, désireux de retrouver leurs prébendes d’ancien régime. Le témoignage de quelques repentis de la secte qui n'ont trouvé là-bas nulle mystique, mais chaînes et violence pure, à l'ère de la vidéo numérique et d'Internet, semblent l’indiquer. De toute façon, derrière des jeunes hommes envoyés au casse-pipe, il y a toujours eu des vieillards cupides bien à l’abri. Comme en 14...

Un masculinisme anti-démocratique

En fait d’échec civilisationnel diagnostiqué par Gauchet, il y a sans doute aussi et surtout : 1°/ un déficit démocratique – 2°/ une relégation des femmes, deux facteurs qui se conjuguent pour maintenir tant les sociétés à majorité musulmane que leurs ghettos européens dans des modes de fonctionnement d’un autre âge. 

La perpétuation d’une domination masculine sur les femmes, que l’islam n’est pas seul à promouvoir, et dont le voile - et maintenant l'abaya - sont, avec la prohibition de la mixité, les signes les plus apparents et les plus controversés dans notre pays, le monopole exercé par les hommes sur la conduite des affaires religieuses, qui n’est pas non plus propre à l’islam (on le retrouve à des degrés moindres chez les catholiques, les orthodoxes, dans le judaïsme), mettent sous le boisseau la moitié de la population, dans sa grande majorité réduite à la procréation et cantonnée à une vie domestique et effacée. Première conséquence destructrice chez nous : les pères étant souvent absents du foyer, la plupart des mères sont incapables de suivre la scolarité de leurs garçons et n’offrent à leurs filles, sauf révolte et rupture douloureuses de celles-ci, que la perspective de reproduire leur statut. 

Il semble que ce machisme à la fois sexuel et religieux, qui oblitère par avance toute possibilité de sublimation des garçons dans la culture au sens large, ait en outre une propension à muter sociétalement dans des formes de pouvoir autoritaire dont il serait la matrice. Ainsi, les seules économies musulmanes prospères aujourd’hui sont des économies de rente - la rente pétrolière – mais lorsque celle-ci, en raison du déficit démocratique quasi-génétique précité, est confisquée par une monarchie – cas de l’Arabie saoudite - ou une oligarchie vieillissante et délégitimée, protégée par son armée et sa police – cas de l’Algérie mais aussi de l'Iran tenue par ses mollahs - aucun développement moderne diffusé à l’ensemble de la société n’est observable. Ces sociétés restent de surcroît profondément inégalitaires. Et quand elles n'ont aucune ressource, comme l'Afghanistan des Talibans, leur machisme les mène à la dépendance et à la ruine matérielle et morale, accompagnées d'une agressivité intérieure et extérieure décuplée.

Ouvrir le temps de l'autocritique

La baisse tendancielle de la rente pétrolière, et son extinction totale dans cinquante, cent ou deux cents ans, provoqueront donc des révisions déchirantes si aucune évolution politico-religieuse n’est engagée dans les pays qui en bénéficient. Et ceux qui cultivent aujourd’hui le rêve d’une nouvelle expansion de l’islam, au besoin par la violence, et s’en font parfois les financiers, feignent par leur fuite en avant d’ignorer les impasses sociétales dans lesquelles le théocratisme islamique a engagé des populations voire des pays entiers. On pense ici notamment à des pans de l'Afrique noire, où le succès de l'islam peut étonner quand on sait que ce sont des Musulmans qui y ont inventé la traite négrière, bien avant les Européens. 

En Occident, la religion chrétienne, plastique parce qu'elle doit tout au Christ, a connu depuis deux millénaires, non sans quelques soubresauts sanglants, schismes et « protestations ». Moyennant quoi, elle n'a cessé de tenir à distance, de réformes en aggiornamento, des fondamentalismes toujours prêts à renaître en son sein. Elle est sans doute à l’origine même du concept de laïcité, issu d'une progressive séparation du spirituel et du temporel, inscrite dès l'origine dans le fameux "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu" de Jésus (Marc 12,17). C'est grâce encore à elle, à sa conscience sociétale, que la place des femmes, le mariage, le procréationnisme, l'interruption volontaire de grossesse ou le genre y font l’objet de controverses passionnées mais jamais closes.

Par contraste, il n’y a, en apparence, aucune espèce d’examen de conscience musulman public, audible, face aux gâchis que provoquent le communautarisme, le fondamentalisme fixiste, son corollaire l’intolérance religieuse (manifeste dans les mariages mixtes), le machisme, le sexisme, et l’autoritarisme qui en est l'expression politique. 

L’islam semble y avoir profondément empêtré ses fidèles comme dans autant de formes de soumission, non pas à Allah - qu'il soit exalté et glorifié ! -, mais aux pires travers de l’homme (♂). Il en est donc comptable aux yeux du monde, qui attend désormais, avec une impatience grandissante, son inventaire et son renouveau, et non d’être détruit par ses garçons perdus. Et il ne s’agit plus, pour ceux qui s'en disent les responsables officiels, de se contenter de refuser « l’amalgame » - mot devenu à la mode - entre ceux qui seraient les « bons musulmans », et les autres, les « barbares » mais bien, comme l’écrivait récemment Dominique Greiner dans La Croix du 17 novembre 2015, d’ouvrir « le temps de l’autocritique » et de se demander publiquement, « comment leur tradition d’appartenance [certes conquérante] a pu faire l’objet d’une telle perversion » et faire se lever de tels « anges de la mort ».

L'espoir des "printemps arabes"

La tragédie du 13 novembre 2015 ne doit pourtant pas nous faire oublier que c’est aussi la jeunesse des pays arabes – les filles et les femmes y ont pris leur part - qui a su faire mûrir son désespoir en révolte politique et chasser quelques dictateurs, en des printemps mémorables qui porteront leurs fruits tôt ou tard, malgré les régressions auxquelles on assiste. Islam pourrait un jour vouloir dire aussi espoir, si les jeunes générations musulmanes, sunnites et chiites, se rendent capables de lapider leurs vieux démons renaissants sans s’entretuer. Sachons les y aider, si elles nous le demandent.


19 novembre 2014

Djihâd

A nos enfants perdus

Le Monde débarque sur mon lit comme tous les matins avec ses nouvelles différées : l’écrit fait écho aux actualités parlées immédiates de la radio et de la télévision, que je n’écoute guère, et d’Internet surtout, nouveau fil énervé de l’Histoire en marche, petite et grande mélangées. L’écrit résonne après coup, étrange répétition qui confirme, amplifie ou raisonne l’émotion initiale, qu’une autre a déjà chassée. Aujourd’hui c’est une tuerie dans une synagogue de Jérusalem, ville trois fois sainte « au bord de l’embrasement » titre le quotidien, et en pages intérieures, les visages romantiques et barbus de jeunes gens, beaux comme des dieux grecs. Certains sont partis au djihad depuis nos tranquilles provinces, et se sont laissé filmer pour les yeux du monde entier en train de décapiter leurs semblables, ou du moins complices de cette activité macabre dont on peine à croire qu’elle puisse donner un sens durable à leurs vies. Reconnus au premier regard par leurs mères, incrédules, sur des images voulues aussi atroces qu’à Grand Guignol. Que vont devenir ces apprentis de la mort après ça, après cet étrange mariage de la guerre et du spectacle, après ces « noces barbares », exhibitions d’un nouveau genre ? Usant de l’épée, ils périront sans doute par l’épée, cent ans après leurs aînés, aussi absurdement mais sans gloire aucune, sans que leurs noms restent inscrits sur quelque fronton ou monument national. Leurs chairs seront déchiquetées par la frappe anonyme d’un drone dans quelque désert. Elles finiront d’y pourrir avec ces femmes violées et ces enfants massacrés par la volonté de  « saigneurs  » orientaux d’un autre âge, auxquels ils auront voué leur jeunesse française. Inexplicablement.

 « Tu as dit ‘inexplicablement’ ? » : raisonnements en chambre pour mon ami Jean qui réagissait à mon « Djihâd ».

Mon cher Jean, au risque de faire de l’histoire à la hache, je te signale que les aimables missionnaires de nos campagnes fin XIXème que tu évoques, aux méthodes souvent musclées, n’ont pas empêché l’envoi de millions de jeunes gens aux fantastiques boucheries du siècle suivant. Par ailleurs, il me semble que le laïcisme de l’époque, était autrement plus violent qu’aujourd’hui, de combat plus que de tolérance, car il s’attaquait à une Eglise qui était alors en force et imposait son ordre sinon sa foi à toute la société, par sa puissance temporelle et religieuse. Autre aspect des choses : en 14, la fraternité s’arrêtait à la frontière allemande et le « Boche » n’était pas notre prochain. Les croix de mission que tu célèbres ont vu s'enterrer les pères et les fils qu’elles venaient soi-disant d’évangéliser. Mais de quelle sorte d’évangélisation s’était-il agi pour que toutes ces horreurs aient été néanmoins possibles dans une Europe réputée bien plus chrétienne – du moins « christianiste » (Brague) - qu’aujourd’hui ? Les offenses de 70 n’avaient pas été pardonnées en 14. Les goupillons ont béni les sabres des deux camps sans barguigner.

L’adverbe qui concluait mon texte consacré au Djihâd, « inexplicablement », n’entendait pas clore la discussion. Il renvoyait plutôt à une double sidération, instantanée : celle des parents de ces jeunes gens, à bon droit stupéfiés par leur progéniture, et la mienne, la nôtre, devant les chiffres désormais publiés par la police, soit 1132 Français(e)s qui auraient été absorbés par les « filières de recrutement en Irak et en Syrie » (Le Monde du 19/11/14). Passée cette sidération, notre raison n’en finit pas, bien sûr, d’échafauder des explications, des plus rationnelles aux plus délirantes.

55% de ces jeunes seraient des « convertis », sans doute de rien à quelque chose. Car si on assiste bien aux marges des groupes religieux à une radicalisation destinée à combattre les effets de l'assimilation et de l'affaissement des traditions dans une société laïque, indifférente voire hostile aux religions, radicalisation ou du moins repli identitaire qui touche autant les catholiques (fondamentalistes, tradis, Civitas, Manif pour tous, Sens commun), que les Juifs (surtout en Israël par tentation obsidionale) et évidemment les « bons » musulmans mutant en mauvais « islamistes », on conçoit mal le passage direct d’une religion de l’amour, la chrétienne, à sa version musulmane la plus extrémiste. Les convertis viennent donc de ce rien, ce vide de l'esprit abandonné du fait de la déchristianisation massive de l’Occident, et ce en dépit du rebond dû à Vatican II et à ses ouvertures prophétiques, désormais menacées elles aussi, si rien n'est fait, par le repli catholique sur la Tradition.

Ces jeunes ont-ils brutalement résolu de quitter l’anomie sociale de leur province ou de leurs quartiers, le chômage insurmontable dans leurs trous perdus et les jeux vidéo en chambre, en voyant naître ce vrai royaume d’héroïque fantaisie qui les appelait – « califat », quelle trouvaille de marketing ! - taillé dans le vif comme au temps de Lawrence d’Arabie par des seigneurs tout-puissants avec droit de vie et de mort, entourés de femmes enfin soumises à toutes les volontés masculines, ponctué de massacres dignes des meilleures mises en scène du Seigneur des Anneaux et de ses avatars ? Ces littératures et images très présentes sur nos écrans, n'auraient-elles pas remis au goût du jour - pourquoi toujours dédouaner la culture de sa responsabilité dans la marche du monde ? - des mœurs féodales plus variées et plus distrayantes que celles de notre néo-capitalisme, mou et consumériste ? D'autres ont pu évoluer, certains itinéraires semblent le suggérer, d’intentions humanitaires initiales, généreuses, à une révolte authentique voulant s’attaquer aux racines de la pauvreté et des inégalités de notre monde, en créant de toutes pièces un royaume pur et sans tache et sa légion étrangère, où leurs idéaux seraient accomplis ( en clair,  une révolution, dont l’Occident n’a plus les clés, modèle 89 revu par Al-Bhagdadi et alii) ?

Si l’on regarde l’Histoire, toutes les époques ont connu ces départs  ou défections idéalistes. Au fond d’eux-mêmes et toute idéologie mise à part, étaient-ils si différents de nos djihadistes ceux qui rejoignaient les rangs des Républicains combattant Franco juste avant-guerre, ou, quelques années après, les maquis de la France résistante, ou plus près encore ces militants tiers-mondistes et autres « porteurs de valise » qui soutenaient le FLN dans sa lutte pour libérer le peuple d’Algérie du joug colonial ?

Olivier Roy, sans doute optimiste, donnait un an d’existence à Daech, dans une interview récente à Télérama. La démobilisation de ces apprentis-égorgeurs et autres stagiaires de la Kalach, du moins de ceux qui auront survécu, et leur réintégration familiale, judiciaire, psychique et simplement humaine sur le territoire national, si retour il y a, vont poser d’autres problèmes. Ni Pôle Emploi ni la mosquée de Paris ne sont sans doute prêts à y faire face, même au prix de formations accélérées... Le retour du fils prodigue chez papa-maman est improbable. Devront-ils rendre des comptes pour des crimes de guerre qui n’auront finalement concerné que de loin notre pays, de surcroît difficiles à prouver même vidéos à l’appui, ou une forme d’amnistie après un sérieux déconditionnement - commencé dans un salon de Roissy - est-elle envisageable pour ces  « sectaires  » ? Tels les vétérans du Vietnam, de l’Algérie ou de l’Afghanistan, mais bien moins légitimes qu’eux au regard des nations sinon d’Allah, seront-ils condamnés à se repasser à l’infini le film mental de leurs exactions, suivis par des psychiatres et soignés à coups de neuroleptiques ? Et certains ne garderont-ils pas à jamais le goût du sang, purificateur, surveillés à ce titre de plus ou moins près par la DCRI ?

Je me suis parfois demandé ce qu’étaient devenus ceux, heureusement peu nombreux, qui, dans les années 90, tranchaient au rasoir la gorge des jeunes filles qui se promenaient en mini-jupes dans les rues ou les bus d’Alger : sont-ils maintenant épiciers, bons pères, bons époux, bons croyants, faisant sauter leurs petits-enfants sur leurs genoux ? L’après de l’horreur engendre ses fantômes, qui ne sont, encore une fois, rien de plus mais rien de moins que « le travail dans l’inconscient des secrets inavouables d’un autre »*, que nous côtoyons tous les jours sans rien connaître de lui. De ces fantômes non plus, nous ne sommes pas débarrassés. Ils hantent l’humanité depuis Caïn.


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* J'emprunte cette définition du fantôme aux psychanalystes Abraham et Torok (in L'écorce et le noyau)

 



L'omelette du parti Renaissance

 Avec ce tract pondu cette nuit à 2 h 39 dans les boîtes à lettres électroniques, les équipes du parti Renaissance ont atteint ce qu'on ...