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25 avril 2022

Une bien étrange soirée électorale


La défaite en chantant

Marine Le Pen exprimait un soulagement manifeste - presque une joie - d'avoir à nouveau perdu l'élection présidentielle pour mieux rebondir vers une déculottée aux législatives. En soulignant que la marque Le Pen était responsable de son huitième échec, Zemmour n'a pas manqué d'enfoncer son coin et de prétendre à  la succession de cette lignée familiale défaite et jugée définitivement  incapable d'exercer quelque pouvoir que ce soit. Les discussions à l'extrémité de la droite, elle aussi fracturée, vont être savoureuses. Ces gens-là se foutent du "peuple" comme de leur première chemise. D'ailleurs l'accent mis sur le "pouvoir d'achat" dans la campagne montre le mépris dans lequel la famille de Montretout le tient : il n'est justement pas question de conférer au "bon peuple" un autre pouvoir que celui de survivre. Curieusement, le banquier qui les a fait rejouer et déjouer une nouvelle fois, n'est guère plus inspiré quand il brandit des "pass" ou des "chèques" (sic), comme ces nobles d'Ancien régime qui jetaient des écus aux manants, de la fenêtre de leurs carrosses.

La victoire absente

Côté jardin, la scénographie de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Champ-de-Mars était troublante. Il surgissait de la nuit, tenant la main de sa femme Brigitte, suivi par une cohorte d’enfants de tous âges, au son de l’Hymne à la joie de Beethoven, l’hymne de l’Union européenne. L’image n’arrivait pas à être joyeuse. Peut-être parce qu’elle évoquait irrésistiblement le terrible conte des frères Grimm, le joueur de flûte de Hamelin : vers quel destin ce président allait-il emmener les enfants de France ? Peut-être aussi parce la femme à ses côtés, le visage crispé, n’avait jamais paru aussi frêle ni aussi inflexible et que les brandebourgs de son dolman évoquaient, dans la nuit parisienne, les blanches côtes d’un squelette d’Halloween, vision d’une farce mi-maladive mi-tragique. Jamais non plus il n’est apparu aussi clair qu’il y avait un couple au sommet de l’État, ce que le témoignage récent de l'ancienne députée LREM, Frédérique Dumas, atteste*. Car à côté du tandem Macron-Kohler, le couple Emmanuel-Brigitte semble ordonner les décisions prises tant à l’Éducation nationale qu’à la Culture, rien d’important ne s’opérant semble-t-il dans ces deux ministères sans l’aval de celle qui fut enseignante et professeur de théâtre de son futur mari et président de la République.

Côté cour, sur le plateau de la télévision publique, on ne pouvait pas ne pas remarquer la réapparition de deux anciens membres du Parti socialiste, Ségolène Royal et Manuel Valls. Le second allait d’ailleurs fermement récuser la vieille étiquette politique que le banc-titre de la télévision avait accolée par erreur à son nom, tandis que la première, qui n’a pas ménagé son soutien au président reconduit, apparaissait dans la lumière du studio plus jeune et déterminée que jamais. Un Premier ministre qui serait une femme de l’ancien monde, teintée d’écologie, ça ne vous dit rien ? Un ancien Premier ministre qui repiquerait au gouvernement après une traversée du désert catalan, vous ne voyez pas qui ? Deux belles "prises" comme on dit désormais ?

Et maintenant ?

Le discours du nouveau président, lui, a sonné étrangement creux, comme le cortège qui le précédait, attendant de poussifs applaudissements que ses pauses mal calculées ne réussissaient pas à susciter. Ce n’est pas la mise en scène qui sauvera ce quinquennat, même si le spectacle s’est emparé depuis longtemps de la vie politique. Il va falloir une écriture solide pour faire apprécier la pièce qui va se jouer. Emmanuel Macron l’a-t-il compris ? Il paraissait lui aussi absent de ce moment, presque transparent, tel un élégant pantin mécanique doté à nouveau de tous les pouvoirs mais fatigué d'avance. Ou c’est nous qui étions sans illusions après avoir écarté le pire ?

* Ce que l'on ne veut pas que je vous dise - récit au cœur du pouvoir - Frédérique Dumas - Massot éditions (363 pages, 21,90 €)



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