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15 mars 2022

La fin de la dissuasion



Le monde face au joueur du Kremlin

Quelle que soit l’issue du conflit russo-ukrainien, une victime symbolique risque de se dresser au-dessus des morts civiles et militaires des deux camps, au-dessus des ruines encore fumantes de cette nouvelle guerre civile en Europe, cette Europe « de l’Atlantique à l’Oural » que le général de Gaulle appela jadis de ses vœux. Cette victime, c’est la théorie de la dissuasion fondée sur la détention de l’arme nucléaire par quelques pays, ceux du club restreint que forme le Conseil de sécurité de l’ONU et quelques autres dont les premiers n’ont pu contenir entièrement la prolifération.

Que dit cette doctrine militaire de la dissuasion ? « La dissuasion nucléaire est une doctrine militaire défensive qui se fonde sur une crainte réciproque des conséquences liées à l’emploi en premier de l’arme nucléaire. La dissuasion se fonde sur la capacité de seconde frappe, c’est-à-dire de riposte en cas d’attaque nucléaire. »

Cette doctrine ne garantit pas la paix, mais l’absence du recours à l’arme nucléaire par un belligérant. C’est cette garantie à laquelle M. Poutine a mis fin en lançant son « opération spéciale » contre l’Ukraine, menaçant le monde entier et notamment les pays de l’UE et singulièrement les membres de l’OTAN qui voudraient « interférer » dans son opération. Dès le 24 février, cette menace a pris la forme de « conséquences telles que vous n’en avez jamais connues dans votre Histoire » pour se préciser le 27 février lorsque le président de la Fédération de Russie à demandé de « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat ».

La rupture est double car l’emploi en premier de la force nucléaire est évoqué ici dans le cadre d’une opération offensive qui rencontrerait une adversité extérieure, une riposte, celle-ci fût-elle conventionnelle. Pour la première fois dans l’Histoire, depuis Hiroshima et Nagasaki, une puissance nucléaire mène, en brandissant la menace de l’arme atomique, une guerre qu’on peut considérer de son point de vue comme civile puisqu’elle-même affirme que le territoire sur lequel elle s’avance est le sien (comme auparavant la Crimée) mais qui vue du point de vue de la souveraineté des États du continent européen s’apparente clairement à une guerre de conquête (ou vraisemblablement de reconquête dans l’esprit de M. Poutine).

La deuxième rupture est une conséquence de cette initiative belliqueuse. Tout se passe comme si l’équilibre d’une peur partagée, symétrique, inhérente à la dissuasion nucléaire, avait été rompu. Comme si l’agresseur n’avait plus peur d’une riposte, de la seconde frappe, comme s’il était le seul à ne pas avoir peur pour son pays face au monde entier transi par l’audace du conquérant russe. De la dissuasion, on est brutalement passé au bluff. Si le joueur du Kremlin gagne cette partie, cela voudra dire que l’arsenal nucléaire d’un seul aura suffi à terroriser et pétrifier le monde entier, l’Union européenne au premier chef. On pourra alors parler de la fin de la dissuasion nucléaire et se demander dans quel nouveau monde nous venons d’entrer et quel nouveau jeu les puissants vont se sentir le droit d’y jouer.


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