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12 décembre 2024

Dortoir des grandes


Au Brady, Paris 10e, 9 décembre 2024

Séance de cinéma ce lundi soir au Brady, Paris 10e, salle qui fut la propriété de Jean-Pierre Mocky et dédiée désormais au ”7e genre” du 7e art, qui réunit tout l’arc-en-ciel de la production cinématographique.

Dortoir des grandes (1953), un film d’Henri Decoin, d’après un roman de Steeman, est a priori un drame atroce, transmué  par la magie du cinéma en une délicieuse comédie, truffée des dialogues pétillants de Jacques Natanson, qui se déroule dans le huis-clos d’un pensionnat chic de jeunes filles bien sous tous rapports.

Une pensionnaire a été retrouvée au matin morte étranglée dans son lit, ficelée, sans qu’aucune de ses voisines de dortoir n’ait rien vu ni entendu. C’est ce que rapporte au début du film le commissaire qui décide de passer l’affaire à un de ses jeunes inspecteurs les plus prometteurs, campé par Jean Marais.

Mis à l’épreuve par son mentor, jeté en pâture dans ce gynécée aussi charmant qu’impitoyable, notre policier novice va-t-il réussir là où un homme d’expérience vient d’échouer ? Il se heurte d’emblée au mur du silence des adolescentes et à l’intime conviction de la directrice : ce crime n’a pu être commis que par un vagabond pervers extérieur au pensionnat.

Bien évidemment, notre jeune premier va progressivement fracturer tous les codes qui maintiennent ce silence et corsètent le pensionnat, directrice en tête. L’ange de la vérité incarné par la figure doucement virile de Jean Marais va révéler les abîmes de ces cœurs féminins, jeunes et moins jeunes, leurs jeux tranquillement pervers, leurs désirs naissants ou refoulés selon l’âge.

Après coup, ce film au charme désuet apparaît étonnamment prophétique quant aux pouvoirs que vont prendre les images dans notre monde, s’emparant des voyeurs et des Narcisses, jusqu’à mettre dans les mains d’une pure jeune fille, la première du pensionnat et la plus belle, les terribles outils du premier chantage à la sextape, au dénouement tragique.

Jean Marais est LA vedette de ce film, auquel Françoise Arnoul en pensionnaire enamourée et Denise Grey en directrice guindée (mais pas que) donnent la réplique côté féminin.  Mention spéciale à Jeanne Moreau, femme de chambre prête à jouer Mata-Hari pour les beaux yeux (mais pas que) de l’inspecteur et à Louis de Funès, photographe libidineux sur les bords.

Un débat suivait le film. L’animation de ces séances du 7e genre au Brady est confiée à Anne Delabre qui avait invité ce soir-là Clara Laurent, venue spécialement de Marseille.

Adieu Fabrice

Mardi 11 février 2025, adieux à Fabrice Zimmermann. J’aurais voulu dire quelque chose – déformation professionnelle ? – mais il ne me venait...