20 octobre 2025

Un sacré coeur !



Je me retrouvai hier* après-midi au cinéma Le Grand Club de Gien pour voir le film documentaire Sacré Cœur, de Sabrina et Steven Gunnell (ancien leader de l'éphémère boys band Alliage, (re)converti, voir l'interview sur KTO), en compagnie de quelques visages connus de la paroisse. La feuille d'annonces de ce dimanche en gris avait rappelé la séance à saisir.

Le film mêle biopic de sainte Marguerite-Marie Alacoque, gloses d'ecclésiastiques convaincus sur la sainte, images des nombreux mouvements de piété populaire envers le Sacré-Cœur de par le monde. On voit les reliques de la sainte promenées en Colombie et dans d'autres pays, toute une jeunesse sautillant à Paray-le-Monial (71) sur les rythmes de la pop louange propulsés par les groupes musicaux dans l'orbite de l'Emmanuel, dont le sanctuaire bourguignon est le fief. 

En contrepoint aux impressionnants tourments physico-mystiques de la sainte, il y a beaucoup de cette ferveur des grands rassemblements, version moderne des pèlerinages renouvelée par les JMJ voulus par saint Jean Paul II. Il semble que les évangéliques américains aient déteint sur certains catholiques et les aient « décoincés » : les mains se lèvent, les corps dansent, les voix s'envolent loin de nos assemblées dominicales frileusement recueillies. 

Et puis au milieu de toute cette agitation se glisse silencieusement le fauteuil roulant d'un jeune homme, atteint par la myopathie de Duchenne, qui confesse son cœur à cœur vital avec ce Sacré Cœur ; et surgit le visage de Clémentine Beauvais, autrice jeunesse partie à la recherche de son ancêtre Alacoque à travers l'univers des « chachas » (surnom des charismatiques de l'Emmanuel) et les textes étonnants laissés par la sainte dont elle a livré une exégèse filiale toute personnelle en 2021, exégèse d'une agnostique qui mérite le détour.

Julie Budria qui joue Marguerite-Marie est-elle trop jolie pour le rôle ? Rien ne dit que son modèle était moche. La joie des charismatiques est-elle trop bruyante et extérieure pour être totalement spirituelle et sincère ? Ne risque-t-elle pas de faire oublier la Croix et de remplir trop vite le tombeau vide ? On pourra aussi regretter la reproduction par trop sulpicienne (ou gibsonienne) de la scène du Golgotha ou de voir apparaître le nom de M. Bolloré au générique. Mais c'est à chacun·e de se faire une opinion et de répondre en personne à ces questions.

Y a-t-il une sourde rivalité avec la basilique Notre-Dame du Sacré Coeur d'Issoudun fondé par Jules Chevalier pour que ni le sanctuaire ni l'oeuvre de ses missionnaires n'aient été cités dans ce documentaire ? Paray-le-Monial ni l'Emmanuel n'ont le monopole du cœur de Jésus, j'en sais quelque chose, moi que ma grand-mère associa à l'Archiconfrérie d'Issoudun le 20 juillet 1952, deux ans après ma naissance...

Quoiqu'il en soit, le cœur brûlant du Christ qui emplit le sein de Marguerite-Marie pour la plier de joie et de souffrance – c'est une joie et une souffrance - nous confirme qu'il n'est pas de grâce qui ne coûte à celui qui la reçoit, comme le plus sûr indice de sa Présence amoureuse, d'un amour digne d'être aimé. Ce simple rappel valait bien un film.



* deux ans, presque jour pour jour, après la projection dans ce même cinéma, du film Sacerdoce.




Un sacré coeur !

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