07 septembre 2014

Le Royaume



L'évangile selon Carrère


« Je ne sais pas ». C’est par ce doute ultime qu’Emmanuel Carrère conclut 630 pages de dialogue avec le chrétien à durée déterminée qu’il a été, pendant ce qu’il nomme aujourd’hui une « crise ». Cette crise forme le premier chapitre de son livre, le plus personnel. Il s’agit d’une crise de foi, mais non à la manière d’un croyant frappé par le doute : plutôt à celle d’un agnostique - qu’il est redevenu après cette parenthèse de trois années de foi intense - brutalement enjoint de croire avec ferveur, après une enfance chrétienne de convention et sans éclat mystique, une enfance « christianiste » dirait Rémi Brague. Une marraine croyante, très aimée, l’accompagne dans cette « crise », comme l’accompagnera aussi Hervé, cet ami plein de sagesse auquel Le Royaume doit également beaucoup.

Ce dialogue avec sa propre histoire, avec cette « crise » consignée dans « dix-huit cahiers à reliure cartonnée » qu’il va redécouvrir et relire, Carrère le commente et il l’a nourri, à l’évidence, de nombreuses lectures savantes. En vérité, on peut penser qu’il n’a jamais cessé de l’entretenir. L’épisode de sa vie au cours duquel il a accepté de réécrire l’évangile selon Marc pour la Bible de Bayard a dû compter autant dans sa détermination à remettre sur le métier cette ample réflexion sur les débuts du christianisme et sur Jésus. Pour enfin payer la dette que tout écrivain doit aux Écritures ?

Ancien journaliste dont le style a gardé de ce premier métier la nécessaire « ligne claire », Emmanuel Carrère a toujours eu un double goût : celui de la vie des autres et celui de l’enquête. Son livre devait d’ailleurs s’appeler L’enquête de Luc car c’est de cet évangéliste qu’il tente de reconstituer le parcours. C’est dans ce Luc rencontrant Paul et racontant dans les Actes des apôtres cette rencontre et les premiers temps de ce qui n’est pas encore l’Eglise, puis écrivant la vie de Jésus, que va se projeter l’écrivain et scénariste Carrère pour sa tentative de reconstitution d’une genèse du Nouveau Testament et de cette religion nouvelle dont Renan, que Carrère admire, dira : « L’Église, c’est une secte qui a réussi ».

Imaginer Luc au travail sera pour Carrère la seule façon de conjuguer rationnellement Paul, inventeur d’un christianisme hors l’Histoire – on pourrait dire « hors sol » - puisque précédant l’écriture des évangiles et même, à la limite, les ignorant, avec la figure de son fondateur, Jésus, obscur prophète galiléen, dont la mort ignominieuse sur une croix romaine aurait dû disperser définitivement la personne, les enseignements et les disciples dans la nuit de l’oubli. Luc est le go-between, le pont idéal entre Jésus et Paul et Carrère va brosser habilement son parcours d’auteur en profitant des silences des textes et de l’Histoire.

Paul enseigne que la sagesse du monde est folie devant Dieu et que Dieu a choisi ce qui était faible dans le monde pour confondre ce qui est fort. Ce qu’entendent les correspondants des épîtres de Paul est, pour Carrère, « quelque chose d’absolument nouveau » (271) dans le monde antique, à l’instar du fameux « les premiers seront les derniers » (et inversement). Carrère confronte in fine la figure et l’enseignement de Paul à ceux d’Ulysse, qui a refusé la proposition de Calypso, « que plus personne ne nous fait », note-t-il avec une pointe de regret (293) : une éternité d’amour avec une femme éternellement jeune. Or, la proposition de Calypso, dit Carrère, présente une « ressemblance troublante » avec celle de Paul : être délivré de la vie et de sa chair dégradable, de l’ici-bas, de la condition d’homme. Pour Carrère, il y a deux familles humaines : celle des hommes qui aiment la vie sur terre et n’en veulent pas d’autre : et « celle des inquiets, des mélancoliques, de ceux qui croient que la vraie vie est ailleurs. » (294). Il ne semble pas voir que les chrétiens, comme les autres et de toutes les époques, se partagent entre ces deux familles et sont même intimement déchirés entre elles.

Dans l’enquête entamée au chapitre suivant, va émerger progressivement l’idée que peut-être, ces deux familles finiront par se réunir et pourront se dire enfin, comme les pèlerins d’Emmaüs, « que la tristesse, c’était fini » (342), cette tristesse dont on ne peut pas ne pas penser, en relisant toute l’œuvre de Carrère, qu’elle lui colle à la peau.

Le doute final qu’éprouve Carrère concerne sa propre fidélité au croyant qu’il a été et qu’il n’est plus. Il vise en cela, peut-être, « la figure secrète de la vie de chacun » (152), donc de la sienne et celle de son lecteur. Pourtant, ce doute a semblé s’effacer dans les dernières pages où il décrit sa rencontre avec Jean Vanier et la communauté de l’Arche. C’est là qu’il nous fait entrevoir le mieux la vérité du Royaume, celui dont Jésus annonce à ses disciples qu’il est « parmi nous », hic et nunc. Lorsqu’Elodie, la jeune trisomique, se plante devant Emmanuel et l'entraîne dans une danse et dans un chant auquels il répugnait à se joindre l’instant d’avant, c’est que quelque chose en lui vient de céder. Ce quelque chose, il en a fait la description exacte cinq cents pages auparavant en évoquant la conversion de Saul : « tout ce qui sépare les hommes les uns des autres avait disparu et tout ce qui les sépare du plus secret d’eux-mêmes. » (172) N’est-ce pas cela, le Royaume, n’est-ce pas Elodie qui conduit enfin Emmanuel « là où tu ne voulais pas aller » (Jean 21,18, cité deux fois, p. 53 et p. 611), là où l’on danse, enfin ?


***

Les exégètes professionnels dénonceront sans doute dans le dernier livre de Carrère des erreurs et des approximations, non moins que d’audacieuses hypothèses, largement puisées dans l'œuvre de l'écrivain juif anglais, Hyam Maccoby. Critiques d'autant plus  dures qu’ils ne pourront que jalouser la clarté de l’exposé et sa sincérité.


Il y a tout de même dans ce livre quelques « ratés ». La synthèse sur les « ruptures » de Jésus (477-478) prête au prophète galiléen, notamment vis-à-vis des femmes, des opinions que l’on trouve peut-être chez Paul ou dans la hiérarchie catholique, mais pas dans les évangiles ! Où Jésus dit-il qu’il ne faut pas prendre femme, ne pas désirer, ne pas avoir d’enfants, et surtout qu’il faudrait préférer « le deuil, la détresse, la solitude, l’humiliation » ? Nulle part, il me semble. Chez Nietzsche, peut-être…Jésus est un "bien-vivant", pas un Cathare. Le prochain livre d'André Paul, Éros enchaîné (Albin Michel), fera d'ailleurs litière de ces vieilleries. Par ailleurs, d’où Carrère tient-il qu’une partie des premiers chrétiens se serait transformée « sous l’autorité de Jean en secte fanatique » (520) « d’ésotéristes paranoïaques » (534) ? Ce n’est pas ce qui ressort de l’évangile du disciple que Jésus aimait, même si on peut sourire que le dit disciple (ou son scribe tardif) revendique cette préférence du maître pour lui, ou qu’il se mette lui-même en scène comme le dernier des hommes fidèles au pied de la croix.

Le Royaume n’est pas un traité aride. La personne et la sensibilité de l’auteur, celles de sa femme, de ses amis, leur vie quotidienne, sont constamment mêlées à l’œuvre en train de se faire et c’est ce qui fait une grande partie de son charme et au-delà, de sa force vitale. Pour autant, on s’étonnera de voir surgir au détour d’un commentaire d’un tableau de van der Weyden, représentant Luc l’évangéliste en train de peindre la Vierge, la description minutieuse d’une vidéo pornographique qui a eu l’heur d’enchanter notre auteur lors d’une de ses retraites valaisanes et qu’il a fait partager à son épouse - c'est un couple libre sous tous rapports (390-397, ceux que ça intéresse pourront y aller directement). Qu’est-ce que ça vient faire là ? J’ai envie de tutoyer M. Carrère pour l'occasion : c’est ta life et on s’en fout, comme de savoir que tes mains ne sont pas toujours posées sur le clavier de ton ordi. Laisse ça à Valérie Trierweiler.

Comme Emmanuel Carrère y est invité jeudi prochain, je regarderai sans doute La Grande Librairie, puisque mon ami Jean me l'a conseillé.  Comme c'est une question du niveau de notre télévision, je saurais peut-être alors  si ce morceau choisi est une provocation mûrement réfléchie à l’intention des cathos coincés qui liront le livre, une exhibition de dernière minute pour éviter d’être affublé par l’Eglise d’un imprimi potest, une façon de se soulager un instant d’un sujet trop sérieux, ou un malencontreux copier-coller qui aurait échappé à la relecture, comme le « Pélopponèse » (sic) de la page 327.

 


15 mars 2013

François tout court


 

Quand un cardinal nous libère des ordinaux

Mercredi soir [13 mars 2013], Ruth Elkrief interrogeait Bernard Lecomte pour savoir quel pourrait être le premier « geste » du nouveau pape. Bien en peine pour répondre – un expert n’est pas un devin – celui-ci rappelait que Paul VI s’était affranchi de la tiare pour pouvoir voyager plus léger et qu’avant lui, Jean XXIII avait renoncé à la sedia gestatoria, cette chaise à porteurs dorée dans laquelle on promenait les souverains pontifes de la place Saint-Pierre à la basilique, mais guère plus loin. Or il se pourrait bien que le signe le plus spectaculaire de ce pontificat soit à la fois le plus humble et le plus immodeste qui soit, et qu’il nous ait déjà été donné.

En choisissant le prénom de Saint François d’Assise, le poverello, le jésuite Jorge Mario Bergoglio, s.j., se fait franciscain, o.f.m. Le soldat de l’armée noire de la papauté oublie ses onze années d’études et s’en va converser avec les oiseaux. Comme avant lui le pape Jean Paul Ier, il inaugure une lignée. Mais là où Albino Luciani, le pape éphémère, s’inscrivait, avec une modestie prémonitoire, dans la suite de ceux qui l’avaient précédé en accolant leurs deux prénoms, François est sans antécédent. Ce commencement est d’ores et déjà une rupture, que l’Histoire confirmera peut-être.

En attendant, celui qui nous avait d’abord été annoncé comme François Ier, ce qui nous évoquait étrangement, à nous Français, un roi et un bataille italienne d’il y a quelque cinq cents ans, s’est renommé rapidement François. Un simple prénom. On nous a bien dit qu’il s’appellerait un jour François Ier quand il y aurait un François II, mais pour l’heure, c’est « François ». Joseph Ratzinger avait voulu nous rappeler ce que l’Église et le monde devaient à Saint Benoît, le réformateur du monachisme occidental. François s’avance vers nous défait de cet ordinal qui copiait des successions monarchiques d’un autre âge. De droit divin comme nous tous mais tel un frère en sandales, il nous tend la main et nous dit : « Appelez-moi François, tout simplement ».

Nous verrons vite si les medias sont assez intelligents pour accueillir cette tranquille subversion sémantique et plutôt que de titrer cet été « Le pape François arrive à Rio » auront l’audace d’écrire « François aux JMJ ». Ce simple prénom pourrait nous délivrer de tous les autres titres majuscules Pape, Souverain Pontife, Chef de l’Eglise, Très Saint Père, etc. Oui, le 266ème successeur de Pierre s’appelle François. François, tout court.

PS : On lira avec profit la biographie de François en BD publiée aux Arènes en 2018.

12 février 2013

Le pape n'est pas mort...

 ... vive le pape !



Que le successeur de Pierre renonce à sa charge volontairement, en pleine liberté, emporte des conséquences qu’on n’a pas fini d’apprécier et qui ne se liront clairement qu’au regard de l’Histoire à écrire.

Une première chose m’apparaît : le passage d’un pape à l’autre ne va plus être ce couloir sombre et solennel, ponctué de musiques tristes et de veillées aux bougies sur la place Saint-Pierre, tunnel qui conduisait des obsèques internationales du pape défunt, urbi et orbi, jusqu’à la lumière de la fumée blanche envolée dans le ciel romain. J’ai connu la mort de Pie XII, de Jean XXIII (1963, annus horribilis), de Paul VI, de Jean Paul Ier, de Jean Paul II. Benoît XVI, redevenu Frère Joseph, humble moine d’une communauté, s’endormira loin du vacarme médiatique qui entoure le Vatican lorsqu’un pape meurt « en fonction ». Le pape n’est pas mort, vive le pape !

Du coup, cette succession va s’opérer moins dramatiquement, sans mise en scène doloriste, comme pour n’importe quelle institution humaine. Ce pape, sans doute le premier à avoir cité Nietzsche dans une encyclique, ne se prend définitivement pas pour un surhomme. Paradoxalement, parce que la mort n’y aura pas imprimé sa marque, la continuité du siège papal n’en sera que mieux soulignée. Le relais va être transmis entre deux coureurs bien vivants, l’un un peu essoufflé mais qui n’a jamais lâché le témoin et « achève sa course » (2 Tm 4,7) et l’autre déjà mystérieusement préparé à prendre la suite et à courir lui aussi sous les couleurs régénérées de l’Eglise catholique.

Benoît XVI ne « démissionne » pas, car il n’a jamais été un pape démissionnaire. D’autres que moi ont déjà montré combien il avait été au contraire le ferme artisan non pas d’une Réaction mais d’une nouvelle contre-culture catholique, autre nom « moderne » d’une bonne nouvelle à jamais sel de la Terre et lumière du monde.

Je ne regretterai qu’une chose : qu’après ses deux encycliques sur l’amour et l’espérance, Benoît XVI n’ait pas bouclé sa « trilogie » en cette année de la foi qu’il avait désiré nous faire vivre. Mais qui sait ? Une autre divine surprise nous attend peut-être d’ici au 28 février 2013, 20 h…

 


20 mars 2012

Alger-Toulouse, d'une minute de silence à l'autre

L’Histoire bégaie-t-elle ? De quelles secrètes correspondances est-elle parcourue ? Le goût des hommes pour les plus sombres anniversaires y est-il pour quelque chose ?

Le 19 mars 1962, le ministre de l’Education de l’époque, Lucien Faye, avait décrété qu’une minute de silence fût observée dans toutes les écoles de ce qui était alors la France. Quatre jours auparavant, le 15, un commando de l’OAS, dirigé par un lieutenant-parachutiste déserteur Roger Degueldre, avait assassiné à El Biar, dans la banlieue d’Alger, six inspecteurs de l’éducation engagés dans la cause des enfants en difficulté, dont le poète algérien Mouloud Feraoun. Dans son message, le ministre rappelait que ces hommes, musulmans, chrétiens ou libres penseurs, venaient de « tomber au champ d’honneur de leur travail. »

Le 19 mars 2012, un homme* vient d’assassiner dans une école judaïque un autre homme et trois jeunes enfants. Il a sans doute déjà tué trois autres militaires, d'origine arabe ceux-là. C’est peut-être lui-même un ancien militaire.

Le 20 mars 2012, une minute de silence est décrétée par le ministre de l’Éducation Luc Chatel dans toutes les écoles de France pour honorer la mémoire de ces vies interrompues.

Le 19 mars 1962, il y eut quelques jeunes gens pour refuser de s’associer à cette minute de silence. Patrick Buisson, qui avait alors 13 ans, fut l’un de ceux-là. Il est aujourd’hui conseiller du président Nicolas Sarkozy. A Angoulême, pour ce que j'en sais, trois élèves furent exclus du lycée Guez-de-Balzac au motif de ce refus. Si l’on doit se taire un instant, plaidaient-ils à l’époque, que ce soit en l’honneur des victimes des deux « camps », celles du FLN comme celles des tenants de l’Algérie française, celles de l’OAS comme celles des barbouzes gaullistes, et non d’un seul.

Cinquante ans après, l’émotion semble submerger les mobiles politiques et la Nation. Qui aura manqué à l’appel aujourd’hui ? Et pourquoi ?

* Quand j'ai écrit cette chronique, l'assassin de l'école juive Ozar Hatorah,  Mohamed Merah, n'avait pas encore été identifié.

12 mars 2012

Le drame intérieur de Jésus



Jésus tel qu'en lui-même


Comme l'écrit Christoph Theobald dans sa préface au « roman » de Raymund Schwager, Dem Netz des Jägers entronnen produit dans le lecteur quelque chose du drame qu'il met en scène en Jésus même. C'est sa grande force. Une autre est de ne faire parler et agir Jésus qu'à la lumière des Ecritures vétéro-testamentaires, à trois exceptions près si on en juge par l'index des références bibliques de son texte. Ce qui souligne ipso facto le lien étroit qui unit l'Ancien et le Nouveau, puisque ce choix exclusif se remarque à peine, tant Jésus semble évoluer naturellement, tel un évangile fondu vivant dans le milieu juif de son temps. 

Le récit s'organise en cinq actes : trois qui précèdent la Passion, et deux post-pascals. Schwager s'efforce de mettre en scène la chose la plus intime qui soit : la prise de conscience par Jésus de sa divinité, ou du moins de sa mission. Ce point de vue est justifié en épigraphe par une citation d'Hans Urs von Balthasar. Le théologien allemand affirme que Jésus n'a pas trouvé sa mission préfabriquée au berceau mais qu'il a dû « avec toute sa responsabilité libre, la former à partir de lui-même, et même, en un sens véritable, l'inventer. » Comme toute personne, à la vérité. 

Pour cette invention, Schwager se sert de la figure énigmatique du « fils de l'homme » rapportée par les évangélistes. On sait la place singulière qu'elle occupe. Ce titre n'est employé dans les évangiles que par Jésus lui-même. Nul ne l'appelle ainsi ni ne le fait parler sous ce nom. Et quand Jésus parle du « fils de l'homme », on n'est jamais certain qu'il parle de lui-même ou d'un autre. Cette ambiguïté est d'ailleurs la meilleure preuve de l'authenticité de l'appellation, sinon on ne voit guère pourquoi les évangélistes s'en seraient embarrassés. Chez Schwager, « le fils de l'homme » devient un alter ego, un modèle auquel Jésus va s'identifier progressivement. 

Après une sorte de prologue consacré à la vie cachée (« maturation dans le silence »), le premier acte retrace les débuts de la mission, avec l'annonce centrale du royaume de Dieu. La résistance que rencontrent cette annonce et l'appel à entrer dans ce royaume infléchit la prédication de Jésus. C'est le deuxième acte : « le jugement et l'enchevêtrement dans le mal ». Le voile posé sur les peuples et le suaire sur les nations (Isaïe 25,7) ne se sont pas soulevés, le « fils de l'homme » marche désormais vers sa Passion. C'est le troisième acte, « crucifié en victime de blasphémateurs violents ». Après Pâques, le quatrième acte orchestre les rencontres post-pascales au temps du ressuscité, « échappé au filet de l'oiseleur » selon le beau titre allemand original. Le cinquième et dernier acte voit la naissance de la jeune Eglise, la « nouvelle vigne » qu'accompagne l'Esprit saint. L'annonceur est devenu l'annoncé. 

Schwager s'essaie à reconstituer dans son récit les choses à leur naissance même, non encore embarrassées par les arguments de la théologie paulinienne, mais en restant étonnamment fidèle au Credo ultérieur de l'Église. La vraie réussite de Schwager est d'ailleurs celle-ci : d'une tentative de biographie a-théologique qui semblait faite pour nous rapprocher du Jésus de l'Histoire, il fait un chemin d'Emmaüs d'où nous sortons tout brûlants de la présence ressentie du Christ ressuscité.


Le drame intérieur de Jésus - Raymund Schwager - Salvator - 224 pages, 22 €


25 février 2012

Croire, enfin !


A propos du livre de Joseph Moingt, Croire quand même 

Le christianisme est l’ensemble des contresens qui ont été faits sur le Christ. J’ignore si Joseph Moingt approuverait cette paraphrase d’un jugement que le philosophe Michel Henry appliquait il y a trente cinq ans à Marx et au marxisme. Mais c’est le sentiment, à la fois terrible et stimulant (ou terriblement stimulant) que j’ai retiré de la lecture de son dernier livre (paru !). Toutes révérences gardées envers Celui qui n’a sûrement pas voulu fonder en sa personne la religion qui s’est attribuée son nom, versus celui qui eut la chance de ne pas voir quel totalitarisme fut conçu sous son égide au siècle dernier.

Croire « quand même ». Malgré tout. En dépit de. La lucidité n’a pas tué l’optimisme de Joseph Moingt, s.j.. Son livre est celui d’un jeune homme pour le moins… expérimenté (à 95 ans), qui nous répète « la religion, c’est foutu » - il le pense d’ailleurs depuis longtemps - mais pour mieux nous tourner vers l’éternelle vigueur de l’Evangile et de la personne qui l’annonce et qui y est annoncée, Jésus virgule Christ. Si la religion chrétienne est morte, du moins se meurt, si le christianisme n’a eu de cesse de « désenchanter le monde », selon la formule de Marcel Gauchet, qui voit en lui « la religion de la sortie de la religion », que reste-t-il de nos amours à nous autres, enfants de Vatican II ? La foi et le peuple de Dieu.

Il y a du soixante-huitard réactivé chez le père Moingt. A cette époque déjà, le clivage entre foi et religion était en vogue pour discerner le bon grain de l’ivraïe, le pur de l’impur. Et le « peuple de Dieu » était invité, à l’instar du peuple de France, à prendre le pouvoir dans l’Eglise, renversant ses clercs et son Magistère. Relire par exemple les productions des jeunes dirigeants de la JEC de l’époque, les Viveret et Sueur qui, bénis par Mgr Matagrin, ont fait depuis leur chemin sous d’autres cieux,  politiques ceux-là.

Chemin lisant, je me suis aussi souvenu d’un dimanche au Bec Hellouin. Le père abbé d’alors, le grand Dom Grammont, commentait Luc 18,8 : « Mais le fils de l’homme, en venant, trouvera-t-il la foi sur terre ? » Après le verbe trouver, lançait-il, il ne faut pas entendre « encore… » mais « enfin !». La foi, qui doit  sauver non pas seulement les chrétiens mais l’humanité et même l’univers entiers, n’est pas à chercher dans un passé glorieux dont il faudrait restaurer les effets de domination constantinienne. Non, elle est devant nous, elle vient au devant de nous, dans les figures de l’enfant et du pauvre, les seules qui méritent nos génuflexions.

Il ne s’agit donc pas de colmater les brèches d’un navire qui fait eau de partout. Le père Moingt prendrait plutôt joyeusement la hache pour les agrandir. Pour lui, la crise des vocations va peut-être sauver l’Eglise. C’est pourquoi, assez malicieusement, il s’inscrit dans la plus pure orthodoxie vaticane, déconseillant de se mettre à ordonner des femmes ou des hommes mariés, ce qui risquerait de retarder le processus de décomposition en cours, salutaire pour passer à autre chose.

Quelle autre chose ? L’avenir du catholicisme n’est assurément pour lui ni dans les messes Motu proprio, ni dans les charismatiques-évangéliques-dévisseurs d’ampoules. Il est dans les mains de ceux qui quittent aujourd’hui l’Eglise sur la pointe des pieds (ou parfois bruyamment) en emportant l’Evangile comme seul viatique. Le père Moingt ne leur dit pas « restez dans l’institution » mais « devenez chrétiens là où vous êtes », dans vos communautés de vie actuelles et dans celles que vous inventerez, jamais seuls car la foi n’est pas une aventure solitaire, mais pas forcément uniquement entre vous. Levain dans la pâte humaine pour une nouvelle fournée de « catholiques » vraiment universels. Avec ou sans Dieu, mais enfants d’un même Père.

Croire quand même - Joseph Moingt - Temps présent (243 pages, 19 €)


25 janvier 2011

Hommage à André Paul




Mardi soir, 25 janvier 2011, André Paul recevait la médaille d'officier des Arts et des Lettres des mains de Mgr Joseph Doré au cours d'une cérémonie particulièrement émouvante dans les locaux des éditions du Cerf. André m'avait demandé de présenter ce soir-là ses idées à ses invités. Ce que je fis en ces termes :

 

Cher André,

Lorsque tu m’as invité il y a quelque temps à venir présenter ce soir  tes « idées principales » telles que je les avais condensées dans ta notice Wikipédia, j’ai dit oui étourdiment, sans l’ombre d’une hésitation, ne considérant pas un seul instant devant quel brillant aréopage j’allais devoir plancher. Je ressens à la fois comme un honneur et un devoir d’amitié d’essayer de m’acquitter de cette tâche que d’autres ici présents auraient été sûrement  plus qualifiés pour accomplir mais pour laquelle tu m’as amicalement commis d’office.

C’est d’ailleurs en m’interrogeant sur les origines et les destinées de notre amitié que j’ai cru trouver le fil de cette présentation et les quelques épingles nécessaires pour y accrocher tes idées. Je voudrais donc en guise de prologue revenir sur les circonstances de notre rencontre.

 

C’était  à Paris. Tu venais d’arriver d’Albi et tu étais déjà fort d’une thèse sur l’origine du Quaraïsme vers lequel t’avait orienté Jean Carmignac et du succès, qui ne s’est jamais démenti, de ton premier livre sur L’évangile de l’enfance selon Saint Matthieu. J’ai retrouvé les notes prises lors de la première session que tu animes sur le Nouveau Testament à Issy-les-Moulineaux, où je suis étudiant.  C’est précisément le 10 octobre 1969. Tu nous confrontes d’emblée au problème synoptique, avec le récit de la guérison des aveugles de Jéricho. Ce qui m’étonne, c’est la rigueur et l’efficacité d’un enseignement qui semble capable de faire de nous en quelques heures des exégètes du Nouveau Testament. Ce n’est pas un cours magistral : tu nous ouvres ta boîte à outils et nous nous en servons sans complexe. Il me semble alors que le miracle n’est plus sur la route de Jéricho mais dans la salle où, invités à « dévisager la surface narrative du texte » - je te cite -  nous retrouvons la dynamique des couches profondes qui l’animent ;  peu à peu l’ensemble des détails des évangiles se réorganisent en une totalité où chaque élément signifie. Mon admiration pour toi naît à ce moment et n’a jamais cessé depuis. Je suis aussi stupéfié que les gens de Capharnaüm après la guérison du possédé : « ti estin touto didachè kaine kat' exousian », excusez mon déplorable accent, mais il faut bien faire un peu de grec ce soir, soit dans la traduction de la Bible de Jérusalem : « Qu’est-ce que cela ? Un enseignement nouveau donné d’autorité ». (Mc 1, 27) Je crois bien que ce 10 octobre, c’est moi qui recouvre la vue. D’ailleurs, je m’engage, André, à en témoigner lorsque s’ouvrira ton procès en béatification.

 

En parlant d’admiration pour André, je ne veux pas, rassurez-vous, verser dans l’hagiographie. Mais je parle d’admiration en connaissance de cause. Un ami m’a démontré il y a fort longtemps qu’elle était la composante la plus certaine de l’amour et de l’amitié et le facteur le plus sûr de leur développement durable, comme on dit aujourd’hui. Que je sois encore ici 41 ans, 3 mois et 15 jours après ma rencontre avec toi, André, n’en est-elle pas la démonstration la plus éloquente ?

 

J’en viens à tes idées, donc. Depuis que tu m’as longuement raconté ta vie, lorsque nous projetions un livre en commun, je les vois solidement enracinées dans la « terre » où tu es né et que tu n’as jamais reniée quoique vivant aujourd’hui sous des apparences bourgeoises dans le XVIème arrondissement. Une terre nourricière. Il me semble que cette « conscience de racines », pour reprendre une expression de Gaston  Bachelard, supporte tous tes visages et qu’elle irrigue toutes tes contradictions, que tu assumes avec brio. Parce qu’à l’origine, la mort précoce de ton père t’a sorti brutalement du panthéon autarcique de ton enfance et t’a donné définitivement ce que tu nommes, avec Miguel de Unamuno, le « sentiment tragique de la vie »[1], tu n’as eu de cesse d’exprimer et de renouveler les propositions paradoxales de celle-ci. Jusqu’à rencontrer chez le fondateur du christianisme, comme en miroir, ce que tu appelleras une immortelle « pédagogie dramatique de la vie ». Drame et/ou tragédie. Il n’est pas fortuit pour moi que tu aies dédicacé ton premier livre polémique[2], L’impertinence biblique,  qui fut un livre de rupture, « à Thomas Paul, mon père mort ». Et d’ajouter : «  en des années cruellement belles et fécondement brèves, il sut nous apprendre à vivre sans douter ». J’y reviendrai.

 

Homme de la Bible tu fus, homme de la Bible tu es resté mais en opérant un déplacement considérable de point de vue. Je t’ai rencontré exégète, tu te revendiques aujourd’hui et depuis longtemps  historien. Peut-être l’as-tu toujours été.

Au milieu des années 70, tu te fais le promoteur d’un concept, que tu diras plus tard temporaire, celui  d’intertestament[3], qui envoyait la bible naviguer sur l’océan de l’intertextualité. Mais tu vas être  aussi un théoricien éloquent du Canon des Ecritures.

« Intertestament » pour exprimer la prodigieuse fécondité, hors de toute limite temporelle, sectaire ou confessionnelle, des écrits et traductions jaillis des judaïsmes alexandrin et palestinien au cours de ces quelques siècles qui entourent le point zéro du temps occidental. Tu te feras logiquement l’explorateur et l’éditeur des manuscrits de la mer Morte[4] dans la période récente.

Mais aussi « Canon », pour fixer à jamais le périmètre hors duquel il n’est point de Bible, délimitée pour toujours à l’intérieur du codex chrétien. C’est parce que cette Bible est finie qu’elle peut vivre dans l’Histoire. Tu auras à ce propos une de ces formules paradoxales dont tu as le secret et que relève Stanislas Breton dans son livre Ecriture et révélation : « l’histoire biblique, c’est la Bible achevée qui vit dans l’Histoire et donc toujours y commence. »

 

C’est encore dans le champ de l’Histoire que tu interviens dans un article de la revue Esprit[5], en juin 90 : tu présentes alors judaïsme et christianisme comme des « faux jumeaux ». Par la suite, tu n’as cessé de reprendre tes « leçons paradoxales »[6] sur les deux religions, défendant bec et ongles leurs « différences motrices ». Tu classes parmi ce que tu appelles les « déterminismes » de ta vie ta rencontre avec Joseph Moingt qui  te confie en 1972 le bulletin du judaïsme ancien dans la revue Recherches de sciences religieuses : de cet observatoire privilégié, tu as dépouillé  pendant quarante ans toute la production savante mondiale sur le judaïsme. C’est fort de ce savoir accumulé que tu montreras notamment  que le judaïsme rabbinique est postérieur à la naissance du christianisme, et que Jésus, le fondateur du christianisme, a instauré en personne la rupture avec la religion juive dans laquelle il avait été élevé. Ces thèses t’exposent à te voir qualifier - qualifications que tu reçois non sans cette gourmandise du polémiste toujours prêt à batailler - « d’apologète catholique » par les uns ou de « néo-marcionite » par les autres. Ce sont ces convictions qui t’ont amené aussi par le passé à ferrailler périodiquement et vigoureusement avec le défunt cardinal Lustiger.

 

Sortir la Bible du "ghetto clérical" : c’est le sens, que j’exprime brutalement, de la conclusion de ton  livre La Bible et l’Occident, conclusion que tu avais déjà préparée dans des conférences et des écrits antérieurs. Pour toi, la Bible fait partie intégrante du patrimoine littéraire, culturel, de l’humanité[7]. Tu en viendrais presque à regretter que l’encyclique Divino afflante spiritu, par laquelle Pie XII clôturait en 1943 la crise moderniste, en réouvrant la recherche biblique, ait fait retomber la Bible entre les mains des clercs. Car pour toi, aujourd’hui, la Bible appartient à tout homme qui doit pouvoir en prendre connaissance à l’Ecole dès l’enfance, au même titre qu’il y entend parler de la mythologie gréco-latine. Et cet enfant devenu grand, s’il le souhaite, doit pouvoir approfondir cette connaissance, comme c’est le cas dans la plupart des universités occidentales, à l’exception notable de l’Université française. Tu distingues en cela avec soin la  Bible de l’Ecriture. La première, enclose dans sa reliure, est destinée soit à l’étude soit au commerce. La seconde, supportée par des « livres » multiples, eux-mêmes défaits en morceaux choisis, est vouée au culte des religions chrétiennes. Avec cette distinction, tu retrouves les idées que tu défendais, aux plus beaux jours du structuralisme et de la sémiologie, sur la production de l’écrit par son lecteur : c’est l’usage du texte qui fonde sa nature et non quelque qualité intrinsèque de la chose écrite. Cette lutte contre le fétichisme du Livre est aussi celle-là même de la laïcité. Plaidoyer pour une approche laïque de la Bible.

 

J’ai évoqué ton livre sur Jésus. Tu y mets bas un siècle de méthode historico-critique, récusant avec force aussi bien la coupure entre le Jésus de l’Histoire et le Christ de la foi que l’entreprise associée de démythologisation d’un Bultmann et de ses successeurs. Pour toi, il n’y a pas d’opposition entre mythe et histoire et tu proposes  au contraire, revenant en deçà de cette dialectique, que tu juges  destructrice de la culture, de restaurer le mythe comme « moyen princier de connaissance »[8] - encore une de tes formules - de  l’homme Jésus et de son parcours. Au fond, pour toi, Jésus n’appartient pas aux croyants et c’est pourquoi tu proposes, dans ta conclusion qu’on puisse dire « l’immortelle leçon de Jésus Christ sur la vie »  « avec ou sans Dieu et « si c’est avec Dieu » pourquoi pas « avec aussi le Dieu des autres ». Tout se passe alors comme si tu entendais en quelque sorte laïciser le fondateur du christianisme, comme tu le fais avec la Bible, peut-être pour redonner à l’un et l’autre la dimension universelle qu’ils sont toujours menacés de perdre au sein de la seule religion chrétienne. En quoi tu rejoins peut-être par d’autres voies Marcel Gauchet, voyant dans celle-ci – selon sa formule fameuse – « la religion de la sortie de la religion. »

 

Il y a pourtant chez toi un indéracinable attachement au dogme chrétien. La religion chrétienne, avant tout catholique pour toi, est en effet moins une religion de l’amour qu’une doctrine. Nulle mièvrerie. Mais le dogme selon toi est une « vision transformée en formule ». Dans cette sorte d’alchimie, le germe du dogme est donc aussi, à l’origine, utopie, autre nom de la « vision ». Et l’opérateur historique de cette transformation n’est autre que le mythe. Ainsi, Jésus, Christ, logos fait chair[9], né d’une vierge, mort et ressuscité, en quoi se ramasse la foi chrétienne, est le mythe qui engendre l’histoire du christianisme. Sa « formule » est le Credo. C’est pourquoi le christianisme selon toi n’est pas une religion du Livre, mais une religion du culte. Où s’énonce un Credo de chair, aussi immuable que le Canon des Sacra Scriptura, et où se nouent les gestes essentiels que sont baptême et eucharistie. Ces formules et ces gestes offrent à tout homme une vie nouvelle, éternelle en fait, parce que prodiguée sans limitation dans les limites cultuelles à jamais fixées par son fondateur Jésus de Nazareth et par son premier théologien, Paul de Tarse. De la vision à la formule, l’espace ainsi dessiné est celui de l’apocalyptique, réservoir des visions et des utopies où puise la raison humaine et qui s’affirme bien comme la mère de toutes les théologies.

 

 

Je reviens à l’homme, au bien-nommé « André ». Chez toi, la raison raisonnante semble ne vivre qu’enlevée par un souffle lyrique, un chant d’écriture rude à l ‘accent « pyrénéen » qui emporte dans sa fougue les objections du contradicteur, sans craindre de déraper. Fidèle à la mémoire de ton père, tu vis apparemment « sans douter ». Dans ces conditions, la foi ne peut être autre chose que l’affirmation d’elle-même : croire c’est dire « je crois », à partir des racines qui alimentent à l’infini l’héritage chrétien vers son futur. Tu crois au Credo. L’historien que tu es aujourd’hui n’en dit pas plus.

 

Aussi, lorsque d’aventure tu écris à Dieu ou au Diable dans quelque lettre ouverte, tu laisses le premier dans un inaccessible infini auquel tu n’oses t’adresser quoique tu en connaisses tous les noms. En revanche, tu sais que tu côtoies depuis longtemps le second, depuis le jour où tu t’es engagé sur le chemin de connaissance sans fin qui est le tien. Et puisque Lucifer, le « porteur de lumière », est le partenaire obligé de tout savoir humain, tu ne crains pas en somme de lui proposer un pacte d’un nouveau genre pour forcer ensemble le mystère de l’Histoire et pouvoir peut-être, un jour prochain, tutoyer enfin autre chose que des idées. D’ici là, j’attends – nous attendons - avec impatience ton prochain livre.

 

 

[1] Titre d’un livre de Miguel de Unamuno.

[2] L’impertinence biblique, 1974.

[3] Dans le cahier Evangile n° 14, cité et commenté par Stanislas Breton in Ecriture et Révélation, 1979, p. 41.

[4] Cf. Les manuscrits de la Mer Morte et La Bible avant la Bible.

[5] Esprit, juin 1990.

[6] Leçons paradoxales sur les juifs et les chrétiens, 1992.

[7] Et l’homme créa la Bible, 2000.

[8] Jésus Christ, la rupture, p. 272, 2001.

[9] Ce que le philosophe Michel  Henry nomme « la proposition hallucinante de Jean » in Incarnation, une philosophie de la chair, p. 10.

 

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