09 septembre 2022

Elizabeth Finch

 


"Monothéisme, dit ce jour-là Elizabeth Finch. Monomanie. Monogamie. Monotonie.
Rien de bon ne commence de cette façon."

Neil hérite un jour les papiers et les livres d’une enseignante dont il a suivi les cours des années auparavant alors qu’il était trentenaire et déjà divorcé. Il nous raconte quel étrange et fascinant personnage était Elisabeth Finch, dont il est tombé amoureux, adorant « le fait qu’elle était bien plus intelligente que moi ». À l’issue de l’année de cours, elle va accepter contre toute attente de déjeuner avec lui deux ou trois fois par an, réglant toujours l’addition, et cette relation platonique va durer vingt ans, sans que le mystère qui entoure Liz Finch ne se dissipe pour son commensal transi. 

Il va même s’accroître du fait de cet héritage intellectuel confié à Neil sans qu’il l’ait vu venir. En lisant les carnets de Liz, en parcourant sa bibliothèque, en essayant de percer ses secrets, en se nouant d’amitié avec son frère aîné Christopher pour essayer de découvrir qui elle était vraiment, Neil s’embarque par fidélité posthume dans une longue recherche historique qui va le ramener au temps de l’empereur romain Julien dit – par les chrétiens - l’Apostat, celui par qui l’empire eût pu rester païen au lieu de basculer définitivement dans le christianisme. Parallèlement, Christopher mettra Neil sur la piste « d’un homme au pardessus croisé » dont Liz a peut-être été l’amante. Au final, Neil est tenté d’écrire la biographie d’Élizabeth, plus pour rester en sa compagnie que pour la percer à jour. 

Et l’on découvre que le nerf, discret comme Liz, de ce roman est la critique qui s’y dessine peu à peu, dans la lignée d’un Nietzsche, de la religion chrétienne, qui aurait détruit « la joie de vivre ». Épictète, cité par Liz au début de son cours, avait pourtant donné sa clé du bonheur dans son Manuel : savoir reconnaître la différence entre les choses qui dépendent de nous et celles qui nous sont données et sur lesquelles nous ne pouvons agir, et nous comporter en conséquence. Si Julien l’Apostat n’avait été vaincu, à trois siècles de distance, par le « pâle Galiléen », serions-nous plus heureux car plus libres ? 

Julian Barnes fait tout pour que Liz et Neil après elle nous en convainquent. Mais au final, l’Histoire ne relève-t-elle pas justement de ces choses sur lesquelles nous ne pouvons pas agir et qui ne doivent pas nous tourmenter, au contraire des récits, qu’un romancier peut mener à sa guise, jusqu’à la réinventer ? Un livre doux-amer, cérébral et élégant comme un club d'Anglais agnostiques. 

Elizabeth Finch - Julian Barnes - Mercure de France - 197 pages - 19 €

01 mai 2022

Pour un « Front démocratique » aux élections législatives



Quel nom donner à l’opposition démocratique lors des élections législatives ?

Je fais partie de celleux qui ont voté Mélenchon au premier tour des présidentielles, un vote utile un peu à contrecœur, mais pour conjurer la configuration d’un second tour qui semblait aussi inéluctable qu’inutile, soit un nouveau face-à-face entre le futur président et, comme n’a pas manqué de le souligner Zemmour au soir du 24 avril, le « huitième échec » de la famille Le Pen.

Je fais partie aussi des déçus d’Emmanuel Macron, qui s’étaient enthousiasmés dès 2016 pour ce jeune candidat qui voulait renouveler la vie politique et lui insuffler un nouvel élan, notamment en la débarrassant du clivage gauche/droite pour rallier à lui tous les « progressistes ». J’avais en son temps largement décortiqué le livre-programme Révolution de ce météore qui s’est installé depuis dans le paysage politique. Frédérique Dumas, ex-députée LREM, vient de conter sa désillusion macronienne – entre autres - dans un livre de souvenirs sans filtre sur sa carrière de productrice de cinéma et sur le pouvoir en général : Ce que l’on ne veut pas que je vous dise (Masson éditions).

Alors que les tractations vont bon train entre les « partis de gauche » qui mangent (ou pas) dans la main de Mélenchon pour sauvegarder leurs circonscriptions, on s’interroge sur la meilleure bannière qui pourrait rassembler à gauche une alternative au RN et à LREM. La France insoumise (ou Union populaire) ne peut prétendre écraser ses vassaux encore vaillants au plan local et ce n’est sans doute pas son intérêt électoral. Mais la manne financière que représentent des voix et des élus locaux pour le financement des partis au cours des cinq ans à venir interdit à tous de perdre leur identité et va donc être disputée âprement. D’autant que le seuil de 12,5 % des électeurs inscrits (et non des suffrages exprimés) exigé pour se maintenir au second tour place la barre assez haut, notamment en cas de forte abstention. Raison primordiale pour s’entendre avant le premier tour.

Quel nom commun donner à ce qui pourrait sortir des discussions en cours ? La vie politique ne manque par de vocabulaire pour désigner ses organisations : Parti, Union, Rassemblement, Convention, Front, Fédération, Ligue, Organisation, Mouvement, Alliance, Alternative, Force, Centre, Action, Lutte et j’en oublie sans doute.  L’Union de la gauche aurait un air rétro. Le Front populaire reste un moment de l’Histoire dont il serait sacrilège d’emprunter l’étendard. Depuis, le Front a-t-il  été trop longtemps national pour être récupéré à gauche ? « Front de gauche » aurait pourtant quelque allure, même s’il se situerait  dans l’opposition plus que dans la proposition. Mais l’appellation a déjà été utilisée par Mélenchon. Le Front national s’est lui-même débaptisé en « rassemblement » misant une partie de sa « dédiabolisation » sur ce changement de nom. Difficile aussi de marier le national et le socialiste pour d’autres raisons historiques... Comment par ailleurs utiliser le mot « peuple » ou l’adjectif « populaire » sans être accusé de populisme ? Il s’agit bien de se « rassembler » et naguère il y eut un Rassemblement pour la République... L’adjectif socialiste a fait son temps et connote trop le quasi-défunt PS.  Le mot « parti » semble inadéquat pour désigner l’union électorale de partis différents. C’est pourtant de cela qu’il s’agit : d’une union pour gagner des élections, à laquelle chacun doit  prêter un peu de son identité quitte à en perdre une partie. 

L’enjeu de ces élections législatives est inédit : il s’agirait d’imposer une cohabitation au locataire de l’Élysée, en considérant les élections de juin comme un troisième tour des présidentielles, alors même que le quinquennat a été créé pour éviter cette cohabitation (idée bien déconstruite par Blast). En demandant « élisez-moi comme Premier ministre », M. Mélenchon a clairement revendiqué le leadership qui serait issu des résultats. Mais rien ne permet d’augurer que l’effondrement des partis historiques, PS, Verts ou PC auquel on a assisté à l’élection présidentielle, sera de même ampleur lors des scrutins locaux, d’autant que des positions fortes ont été assurées lors des municipales dans certains grandes villes, par exemple, ainsi que dans les élections départementales et régionales. 

Aussi, Front démocratique ne serait-il pas un bon dénominateur commun, chacun restant identifié avec son étiquette originelle ? On aurait ainsi des candidatures uniques au premier tour, Front démocratique-PS, Front démocratique-PC ou Front démocratique-Les Verts, Front démocratique-FI. La question de l'étiquette ainsi réglée, il ne reste qu'à définir un candidat unique de ce Front démocratique dans chaque circonscription. S'il gagne, il sera toujours temps de choisir un Premier ministre dans le parti arrivé en tête au sein de ce Front pluriel et de composer un gouvernement dont les portefeuilles seront répartis à la proportionnelle, sachant que tous les ministères ne sont pas égaux... Mais nous n'en sommes pas encore là ! Rendez-vous les 10 et 17 juin.


25 avril 2022

Une bien étrange soirée électorale


La défaite en chantant

Marine Le Pen exprimait un soulagement manifeste - presque une joie - d'avoir à nouveau perdu l'élection présidentielle pour mieux rebondir vers une déculottée aux législatives. En soulignant que la marque Le Pen était responsable de son huitième échec, Zemmour n'a pas manqué d'enfoncer son coin et de prétendre à  la succession de cette lignée familiale défaite et jugée définitivement  incapable d'exercer quelque pouvoir que ce soit. Les discussions à l'extrémité de la droite, elle aussi fracturée, vont être savoureuses. Ces gens-là se foutent du "peuple" comme de leur première chemise. D'ailleurs l'accent mis sur le "pouvoir d'achat" dans la campagne montre le mépris dans lequel la famille de Montretout le tient : il n'est justement pas question de conférer au "bon peuple" un autre pouvoir que celui de survivre. Curieusement, le banquier qui les a fait rejouer et déjouer une nouvelle fois, n'est guère plus inspiré quand il brandit des "pass" ou des "chèques" (sic), comme ces nobles d'Ancien régime qui jetaient des écus aux manants, de la fenêtre de leurs carrosses.

La victoire absente

Côté jardin, la scénographie de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Champ-de-Mars était troublante. Il surgissait de la nuit, tenant la main de sa femme Brigitte, suivi par une cohorte d’enfants de tous âges, au son de l’Hymne à la joie de Beethoven, l’hymne de l’Union européenne. L’image n’arrivait pas à être joyeuse. Peut-être parce qu’elle évoquait irrésistiblement le terrible conte des frères Grimm, le joueur de flûte de Hamelin : vers quel destin ce président allait-il emmener les enfants de France ? Peut-être aussi parce la femme à ses côtés, le visage crispé, n’avait jamais paru aussi frêle ni aussi inflexible et que les brandebourgs de son dolman évoquaient, dans la nuit parisienne, les blanches côtes d’un squelette d’Halloween, vision d’une farce mi-maladive mi-tragique. Jamais non plus il n’est apparu aussi clair qu’il y avait un couple au sommet de l’État, ce que le témoignage récent de l'ancienne députée LREM, Frédérique Dumas, atteste*. Car à côté du tandem Macron-Kohler, le couple Emmanuel-Brigitte semble ordonner les décisions prises tant à l’Éducation nationale qu’à la Culture, rien d’important ne s’opérant semble-t-il dans ces deux ministères sans l’aval de celle qui fut enseignante et professeur de théâtre de son futur mari et président de la République.

Côté cour, sur le plateau de la télévision publique, on ne pouvait pas ne pas remarquer la réapparition de deux anciens membres du Parti socialiste, Ségolène Royal et Manuel Valls. Le second allait d’ailleurs fermement récuser la vieille étiquette politique que le banc-titre de la télévision avait accolée par erreur à son nom, tandis que la première, qui n’a pas ménagé son soutien au président reconduit, apparaissait dans la lumière du studio plus jeune et déterminée que jamais. Un Premier ministre qui serait une femme de l’ancien monde, teintée d’écologie, ça ne vous dit rien ? Un ancien Premier ministre qui repiquerait au gouvernement après une traversée du désert catalan, vous ne voyez pas qui ? Deux belles "prises" comme on dit désormais ?

Et maintenant ?

Le discours du nouveau président, lui, a sonné étrangement creux, comme le cortège qui le précédait, attendant de poussifs applaudissements que ses pauses mal calculées ne réussissaient pas à susciter. Ce n’est pas la mise en scène qui sauvera ce quinquennat, même si le spectacle s’est emparé depuis longtemps de la vie politique. Il va falloir une écriture solide pour faire apprécier la pièce qui va se jouer. Emmanuel Macron l’a-t-il compris ? Il paraissait lui aussi absent de ce moment, presque transparent, tel un élégant pantin mécanique doté à nouveau de tous les pouvoirs mais fatigué d'avance. Ou c’est nous qui étions sans illusions après avoir écarté le pire ?

* Ce que l'on ne veut pas que je vous dise - récit au cœur du pouvoir - Frédérique Dumas - Massot éditions (363 pages, 21,90 €)



08 avril 2022

En thérapie, saison 2



Le Covid m'a permis de visionner en deux jours la nouvelle saison d'En thérapie, qui m'a paru plus riche et passionnante encore que la première. Les acteurs sont talentueux et sans doute remarquablement dirigés et filmés dans ce huis-clos d'une maison du Pré-Saint-Gervais, d'où l'on s'évade parfois, car, outre les séquences au Palais de Justice, un jardinet fait sas entre le monde et le cabinet, et parfois scène extérieure, lieu d'un mi-dire en quelque sorte.

Chaque analysant pose à un moment ou l’autre la question « que dois-je faire ? » et attend de l’analyste qu’il y réponde à sa place, de sa place de « sachant ». Le premier travail de l’analyste, le plus élémentaire, est justement de résister à répondre à la place de son patient, développant l’impatience de celui-ci, sa frustration même. Et son agacement devant l’inévitable renvoi : « Et vous, vous en pensez quoi ? ». Le sujet est « supposé savoir », selon la formule connue, savoir de son désir inconscient que l’analyste a pour but de laisser son analysant déployer. 

L’autre problématique développée, c’est celle du « sauveur ». Philippe Dayan (Frédéric Pierrot) est-il atteint par le syndrome du sauveur, c’est ce que Claire (Charlotte Gainsbourg), sa « contrôleuse », lui laisse entendre. Au fond le sentiment d’échec qu’éprouve Dayan vient non pas tant du constat qu’il ferait que ses patients ne guérissent pas mais qu’il ne parvient pas à les sauver, le renvoyant à une fêlure ancienne, entrevue mais brouillée par l'image de son père. Car « sauver », ce n’est pas soigner – obligation de moyen - ni même guérir – devoir de résultat – mais c’est arracher à la mort, rendre à la vie, quasiment ressusciter : figure de l’impossible. Sauver renvoie à la question, cruciale c’est le cas de le dire, du salut, avec ou sans majuscule. 

À noter que le mot Dieu n’est, je crois, jamais prononcé par aucun des personnages de la série. Pour paraphraser un constat fait à propos de Jésus, Freud est juif et ses disciples ne le sont pas. Les interprètes sont bien seuls au monde, désormais.

Ce que la série montre très bien pour chaque analysant, c'est le lent processus d’anamnèse inhérent à toute démarche d’analyse, comment tout souvenir retrouvé en cache un autre, comme dans un jeu de poupées gigognes. Au fond, tout souvenir est un souvenir-écran et cette régression-progression semble ne jamais devoir s’arrêter, qui commence au constat d’une répétition et à l’émergence chez l’analysant de la question lancinante : « qu’est-ce que ça répète ? ». 

Ce que démontrent les quatre « cas », outre celui de Dayan l’analyste, c’est à quel point l’entrée en analyse détruit l’équilibre précaire de chacun, précisément parce que cet équilibre était devenu insupportable, mais sans que rien ne garantisse qu’un nouveau lui sera substitué au terme, s’il y en a un, de l’analyse. D’où la tentation récurrente pour chaque analysant, « d’arrêter », quand il constate qu’il « perd », que le sol se dérobe sous ses pieds, sans aucune assurance de regagner quoique ce soit. L’analyse est la promesse douteuse d’un qui perd gagne que seul étaye la foi-confiance nouée dans le transfert mais régulièrement minée par le doute.

La culpabilité, le sentiment d'imposture, traversent et taraudent tous les personnages, tantôt échos précieux des événements vers lesquels ceux-ci pointent, malgré l'amnésie traumatique ou le simple flou qui engloutit le passé, tantôt leviers pour soulever les pierres tombales, affronter les fantômes, ces "travaux dans l'inconscient du secret inavouable d'un autre" (selon Abraham et Torok).

Ainsi, Inès (Eye Haïdara) devra retrouver la blessure originelle derrière la « malédiction de la tante Ahoua ». Lydia (Suzanne Lindon) va devoir découvrir l’origine de son refus-peur de soigner son cancer. Le jeune Robin (Aliocha Delmotte) harcelé au collège, écartelé par ses parents, Léonora (Clémence Poesy) et Damien (Pio Marmaï) et le choix auquel leur séparation semble le contraindre, va devoir comprendre qu’il peut continuer à vivre même si l’union qui l’a mis au monde se défait. Alain (Jacques Weber), le chef d’entreprise voit ressurgir, avec le suicide d’une de ses employées, le spectre de son frère Michel, son fantôme, à la racine de sa culpabilité. 

Claire est le miroir idéal de la pratique de Dayan et des impasses qui la constituent, malgré lui, et en font la valeur qu’il n’arriverait plus à reconnaître sans elle. Le 35ème et dernier épisode de la saison 2 voit se dérouler l’ultime rencontre entre Claire et Philippe (Dayan). La séance de supervision se transforme rapidement en un échange confraternel – Claire parle de « résonance entre confrères » - poussé par Dayan qui interroge Claire sur les origines de sa vocation de psychanalyste. Au démarrage, Claire a pointé chez Dayan un syndrome du sauveur lié selon elle à un « besoin impérieux de reconnaissance » dont elle juge qu'il a corrompu peu à peu la position initiale d’analyste de son confrère et lui a fait commettre des "imprudences". C’est alors que Dayan amène Claire à exposer les origines, les raisons, de sa vocation. Comment le succès de son livre, Sacha, qui l’a fait connaître à Dayan, l’a aussi arrachée à Lyon pour la jeter dans les bras de son éditeur, dont elle lâche le prénom, Damien, mais cet « emballement qu’on prend pour du désir » - elle renvoie Dayan à ce qui lui est arrivé avec Rebecca - n’a pas duré. Devant ce succès éphémère, dans son tourbillon parisien, Claire a eu très vite un « sentiment d’imposture » et au final se retrouve plus seule que jamais. D’ailleurs elle s’apprête à retourner à Lyon. Et c’est autant elle-même que Dayan qu’elle questionne quand elle s'interroge à voix haute devant lui : « Comment se fait-il que ce qu’on croit vouloir vous fait tourner le dos à ce qu’on désire vraiment ? »

C’est Claire aussi aura su aider Dayan à surmonter l’épreuve que constitue le procès que lui intente la famille d'Adel Chibane (Reda Kateb dans la saison 1) pour non-assistance à personne en danger, procès qui jusqu’à son délibéré va peser sur Dayan pendant toute cette saison 2, comme un suspense parallèle aux dénouements attendus pour chaque analysant. Ce procès de Dayan, c’est aussi en filigrane le procès permanent et silencieux que fait la société tout entière à la psychanalyse, de son coût, de son impuissance à soigner-guérir-sauver, au cœur duquel Esther (Carole Bouquet) va ressurgir de la saison 1, avocate aussi inattendue que déterminante, autant de Freud que de Dayan lui-même. Seront-ils tous les deux relaxés ?


15 mars 2022

La fin de la dissuasion



Le monde face au joueur du Kremlin

Quelle que soit l’issue du conflit russo-ukrainien, une victime symbolique risque de se dresser au-dessus des morts civiles et militaires des deux camps, au-dessus des ruines encore fumantes de cette nouvelle guerre civile en Europe, cette Europe « de l’Atlantique à l’Oural » que le général de Gaulle appela jadis de ses vœux. Cette victime, c’est la théorie de la dissuasion fondée sur la détention de l’arme nucléaire par quelques pays, ceux du club restreint que forme le Conseil de sécurité de l’ONU et quelques autres dont les premiers n’ont pu contenir entièrement la prolifération.

Que dit cette doctrine militaire de la dissuasion ? « La dissuasion nucléaire est une doctrine militaire défensive qui se fonde sur une crainte réciproque des conséquences liées à l’emploi en premier de l’arme nucléaire. La dissuasion se fonde sur la capacité de seconde frappe, c’est-à-dire de riposte en cas d’attaque nucléaire. »

Cette doctrine ne garantit pas la paix, mais l’absence du recours à l’arme nucléaire par un belligérant. C’est cette garantie à laquelle M. Poutine a mis fin en lançant son « opération spéciale » contre l’Ukraine, menaçant le monde entier et notamment les pays de l’UE et singulièrement les membres de l’OTAN qui voudraient « interférer » dans son opération. Dès le 24 février, cette menace a pris la forme de « conséquences telles que vous n’en avez jamais connues dans votre Histoire » pour se préciser le 27 février lorsque le président de la Fédération de Russie à demandé de « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat ».

La rupture est double car l’emploi en premier de la force nucléaire est évoqué ici dans le cadre d’une opération offensive qui rencontrerait une adversité extérieure, une riposte, celle-ci fût-elle conventionnelle. Pour la première fois dans l’Histoire, depuis Hiroshima et Nagasaki, une puissance nucléaire mène, en brandissant la menace de l’arme atomique, une guerre qu’on peut considérer de son point de vue comme civile puisqu’elle-même affirme que le territoire sur lequel elle s’avance est le sien (comme auparavant la Crimée) mais qui vue du point de vue de la souveraineté des États du continent européen s’apparente clairement à une guerre de conquête (ou vraisemblablement de reconquête dans l’esprit de M. Poutine).

La deuxième rupture est une conséquence de cette initiative belliqueuse. Tout se passe comme si l’équilibre d’une peur partagée, symétrique, inhérente à la dissuasion nucléaire, avait été rompu. Comme si l’agresseur n’avait plus peur d’une riposte, de la seconde frappe, comme s’il était le seul à ne pas avoir peur pour son pays face au monde entier transi par l’audace du conquérant russe. De la dissuasion, on est brutalement passé au bluff. Si le joueur du Kremlin gagne cette partie, cela voudra dire que l’arsenal nucléaire d’un seul aura suffi à terroriser et pétrifier le monde entier, l’Union européenne au premier chef. On pourra alors parler de la fin de la dissuasion nucléaire et se demander dans quel nouveau monde nous venons d’entrer et quel nouveau jeu les puissants vont se sentir le droit d’y jouer.


11 mars 2022

Anéantir



 


Houellebecq, « quand même ».

Un nouveau livre de Michel Houellebecq est toujours attendu. Observateur souvent cru mais sincère de la comédie humaine, sa manière de regarder le monde le plus contemporain déloge la nôtre de ses certitudes et de ses habitudes et on lui sait gré de nous prêter ses yeux et son esprit le temps d’un roman pour nous mettre en face de ce que nous ne voulons pas voir par lâcheté (ou pruderie qui en est un autre nom). En bonus, au fil du temps et des livres, Houellebecq semble s’attendrir, son cynisme se muerait presque en lucidité affectueuse, qui n’a plus besoin de provoquer pour nous faire admettre sa vision du monde avec la force d’une vérité. Comme un vin, Houellebecq se bonifie et le cru 2022 est bon.

« Anéantir », donc. Ce verbe terrible, à l’infinitif, en titre, a-t-il un sujet, un objet voire les deux ? S’agit-il d’un processus d’anéantissement aveugle que nul ne contrôle et dont personne n’est responsable ? Une fin du monde inéluctable ? Est-ce la société française ou le monde entier qui sont ainsi menacés ? Par qui, par quoi ? L’œuvre d’un secret nihilisme surgi de l’être même ? On a déjà noté combien les titres des livres de Houellebecq étaient en prise avec l'actualité...

Le récit démarre sur les chapeaux de roues par l’irruption sur Internet de vidéos spectaculaires dont les meilleurs spécialistes de l’image ignorent avec quels moyens, inconnus d’eux, elles ont pu être réalisées. Evidemment, parce que l’un de ces petits films met en scène, avec un réalisme insoutenable, l’exécution par guillotine de Bruno Juge, l’actuel et prestigieux ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, le plus puissant membre du gouvernement en place, les services secrets entrent en jeu. Et l’on va faire connaissance de Paul Raison, un des conseillers et confidents du ministre, un énarque bientôt quinquagénaire autour duquel toute l’intrigue d’Anéantir s’articule.

Nous sommes en janvier 2027 et la campagne des élections présidentielles démarre. C’est le second mandat du président en place qui s’achève. Aux termes de la Constitution, il ne peut se représenter mais sa jeunesse et ses succès, qu’il doit en particulier à l’excellente politique de son ministre des Finances – le virtuellement guillotiné - et aux bons résultats de l’économie, lui font ambitionner un troisième mandat en 2032. Il va donc la jouer Poutine/Medvedev et mettre en piste un présidentiable à lui, Benjamin Sarfati, une sorte d’homme de paille issu du PAF, Berlusconi à la française, dont il est assuré qu’il ne briguera pas contre lui, le moment venu, un second mandat. Sans qu’il soit besoin de citer le nom d’Emmanuel Macron, on reconnaîtra aisément la situation plausible de la France en 2027, si l’actuel président est effectivement reconduit au printemps 2022. Houellebecq a dû prendre un malin plaisir à faire cette hypothèse pour shunter dans l’esprit de son lecteur la prochaine présidentielle et le placer d’emblée cinq ans plus tard, toutes choses égales d’ailleurs (ou presque).

Houellebecq décrit l’envers du décor d’une campagne et notamment les interventions d’une conseillère en communication Solène Signal qui va coacher le candidat à la présidence et son mentor, Bruno Juge. Le livre s’attache aussi à décrire les jeux politiques. Un jeune loup du Rassemblement national est désormais le challenger après, on l’imagine, un second échec de Marine Le Pen. Et c’est ce qu’il commence à faire dans un contexte international qui se tend brusquement. Car après les premières vidéos qui ont submergé le Net avec des moyens mystérieux que même les tout-puissants GAFA n’arrivent pas à contrôler, des images d’attentats surgissent, qui s’avèrent bien réels et menacent directement les relations commerciales entre grandes puissances, la Chine en premier lieu. Ce terrorisme audacieux, aussi militarisé que numérisé, est d’autant plus inquiétant que nul n’en revendique la paternité, signé qu’il est par de mystérieux pentagones : extrême-gauche ou extrême-droite, la diversité des cibles ne permet pas d’identifier un camp, une cause, un but qui soient répertoriés. Cela ressemble à une entreprise de déstabilisation du monde à l’état pur, guidé par une main aussi invisible que celle à laquelle Adam Smith attribuait l’essor harmonieux de la richesse des nations Mais progressivement les considérations politiques françaises et géostratégiques internationales vont passer au second plan du roman pour se concentrer sur la vie de la famille Raison quand le père, Édouard, déjà veuf, ancien des services secrets, est victime d’un AVC dont il ne va récupérer que très partiellement. C’est Paul Raison et sa famille qui forment rapidement l’essentiel du roman. Les trois enfants d’Édouard se mobilisent autour de lui. Ils s’étaient un peu perdus de vue et vont se retrouver, occasion pour Houellebecq de dresser le portrait d’une famille française, d’une fratrie et de ses « pièces rapportées », confrontée au système médical et aux décisions à prendre par rapport à un parent âgé, en fin de vie. Le livre bascule alors complètement et aurait pu s’appeler aussi bien L’Éhpad ou la vie

Un second livre commence et le lecteur lui, pourrait se sentir frustré que le premier soit abandonné. Il ne saura rien des attentats et de leurs causes. Tout se passe comme si l’intérêt de l’auteur s’était soudain détourné de son propos initial, de l’actualité politique, pour s’intéresser à ce qu’on appelle une fin de vie, celle de Raison père, intrigue qui va se dédoubler quand le fils devra à son tour affronter la grave maladie. Au fond, ce qui anéantit, ce n’est pas le terrorisme mais tout simplement la maladie et la mort, et rien d’autre. La clé de ce détournement se trouve peut-être à la fin du livre, dans les Remerciements à une certaine dame : c’est en sortant de chez elle « qui s’occupe de son époux avec courage », que, nous avoue Michel Houellebecq, « j’ai senti pour la première fois que, quoi qu’il advienne, je devais terminer ce livre. » S’était-il trouvé dans une impasse avec son histoire de terrorisme, a-t-il jugé qu’il avait épuisé le sujet politique et sa vanité ? Toujours est-il que les Raison l’ont emporté, si l’on peut dire. Avec eux aussi, la nécessité pour notre auteur de dire enfin tout le bien qu’il pense des femmes, leur courage, leur fidélité, au-delà de leurs aptitudes à prodiguer de bonnes pipes à leurs partenaires masculins, chose qui suffisait naguère à contenter le « jeune » Houellebecq et à épuiser sa vision du féminin. Si les références au sexe restent constantes chez lui, si l’activité sexuelle reste pour lui la seule source de bien-être authentique, indiscutable, pour les humains – les hommes en tout cas - les thèmes de l’amour et de la religion, qui affleuraient dans ses précédents livres, s’affirment. Amour oblatif des femmes, de Madeleine la jeune seconde épouse d’Édouard Raison, tranquille foi en la prière de Cécile sa fille, fervente catholique, ferveur de Maryse la courageuse infirmière envers Édouard et son fils Aurélien, retour en grâce auprès de Prudence de son mari, Paul Raison, le personnage principal d’Anéantir.

Michel Houellebecq devient peut-être un vieux sage comique quand il nous explique, de son ton inimitable, que « la vie humaine est constituée d’une série de difficultés administratives et techniques, entrecoupée par des problèmes médicaux ». Mais il s’interroge aussi sur la fin de cette vie quand elle « change alors de nature une seconde fois, pour devenir un parcours plus ou moins long et douloureux vers la mort. » Et d’en venir à faire des reproches à Dieu : « il n’est pas bon que l’homme soit seul a dit Dieu, mais l’homme est seul et Dieu n’y peut pas grand-chose, ou du moins il ne donne pas l’impression de tellement s’en préoccuper ». Ce Dieu pas très puissant, en apparence pas très concerné par ses créatures, ce minimum divin, existe malgré tout, comme l’embryon d’une présence que Houellebecq ne cherche plus à réfuter mais continue d'interroger avec insistance au cœur de ses personnages.


05 février 2022

Nom : Debré - Prénom : Constance

 



Le 12 août 2020, j’avais accompagné Marie-Aude à Nevers chez son ophtalmologue. À côté il y a une Fnac. C’est drôle comme certains livres vous font de l’œil, un jour une recension et une photo de garçon manqué et puis un autre jour vous le retrouvez au détour d’un rayon, d’un coup d’œil encore. Ce jour-là c’était Play Boy, Constance Debré, tiens, tiens, ferait-elle aussi son Passage (1985), celle-là ? Constance parce que c’est le prénom de ma fille, Debré, est-ce que par hasard elle serait de LA famille Debré ? Mercredi, deux ans plus tard, j’étais de nouveau à Nevers. Une amie facebook avait collé la photo du dernier livre de l’autrice, intitulé sobrement Nom. Je suis allé refaire un tour à la Fnac et j’ai acheté Nom et puis aussi Love me tender, que j’ai lus aujourd’hui (jeudi 3 février 2022)


"La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome,
Et, se jetant de loin un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté."

Alfred de Vigny


En trois livres, Play Boy (2018) pour le nouveau jeu de l’amour, Love me tender (2020) pour le salut de son fils Paul, et aujourd’hui Nom (2022), qui enterre son père, Constance Debré s’est forgé une nouvelle vie rompant radicalement avec celle d’avant, celle de « fille de », de « femme de », d’avocate. Elle reste « mère de ». Au passage, un auteur est né.

Je lui ai trouvé un sobriquet, elle qui se bat avec son nom : « moine soldat », pour l’heure plus démolisseur que bâtisseur, mais les moines ont dû abattre des arbres, dessiner des clairières, détourner des rivières, trouver des carrières, tailler des pierres, les porter jusqu’aux fondations avant de pouvoir rendre à Dieu sa création en chantant « l’œuvre de Tes mains » - calleuses - sous les voûtes angéliques.

J’ai découvert aussi à quoi elle carburait. C’est un vers de Gérard Murail, qu’elle ne doit pas connaître, le plus alchimique des alexandrins de la langue française, dont il était fier puisqu’il avait un ti-shirt sur lequel il l’avait transféré : « Je brûle ma substance avec mon propre feu ». Il aurait pu se le faire tatouer, comme elle, « Fils de Pute » sur le ventre, un détail du Caravage sur le bras et d'autres trucs encore sur le cou et qui sait, sur une fesse.

À sa façon, avec ses mains qui ont démissionné de tout, sauf du clavier et de la peau des filles, elle construit une cathédrale. Jusqu’où va-t-elle monter les murs avant de les incliner ? Où trouvera-t-elle la clé pour clore son ouvrage, la pierre que les bâtisseurs ont rejetée  ? Pour l’heure c’est la fin des livres sans le mot fin, œuvre en cours dit-on pour désigner la pile à écrire qui monte moins vite que celle à lire, périodiquement effondrée, comme certaines églises trop ambitieuses. On ne va jamais assez haut pour Dieu, mais parfois trop pour le Mensch.

Debré soigne son corps et son âme, à coups de longueurs de piscine, qui lui taillent sa silhouette androgyne, ascète mais pas nazir, cheveux rasés au sabot 2 et seins effacés, homme à l’Habit Rouge, Guerlain, sauve-moi de l’odeur de chlore. Il faut avoir « le corps dur » (PB, 113). Devant la glace des vestiaires, « mon corps était exactement ce que j’étais. » (PB, 51). « Pour mon corps, ça m’a pris quarante ans de comprendre ce que je devais en faire » (N, 109). 

Tel le fils de l’homme, elle n’a pas où reposer la tête. Les renards ont des tanières, les oiseaux ont des nids, elle n’est plus de nulle part, couchsurfeuse qui squatte chez les autres comme un coucou, là où elle pond ses textes. Elle vit des autres, ce qui n’est pas vivre de peu. Elle pourrait paraphraser Jean Bodin qu’elle a sûrement croisé au cours de ses études : il n’est de richesses que de femmes, dont elle use en collectionneuse qui ne les retient pas, même quand elles voudraient, mais les couchant dans ses livres, étiquetées à jamais.

Même l’expert psychiatrique l’a doublement adoubée pour essayer de lui rendre la moitié de son fils : « Avoir des relations homosexuelles ne peut pas être considéré comme un signe d’instabilité psychique à notre époque, et le fait d’écrire des livres non plus » (LMT, 90)

Politique d’elle-même, elle a désormais un projet pour les autres : mettre fin à la vie ordinaire, ce qu’elle nomme la « vie lamentable », qui était la sienne et avec laquelle elle a rompu en quelques mois : avocate, vingt ans en couple, un enfant, Paul. « Je suis passée aux filles », voilà ce qu’elle annonce à celui qui est déjà son ex, « Laurent ». Mais, paradoxalement, « ça n'a pas grand chose à voir, avec le sexe, encore moins avec l'amour » (LMT, 86).  Love me tender (2020) raconte la bataille autour de Paul, l’ordinaire bataille autour d’un enfant, le fruit qu’on ne voudrait pas devoir s’arracher pas plus qu’il n’a envie d’être coupé en deux ni dévoré. Salomon avait eu la bonne idée quand c’était deux mères qui le revendiquaient. Aucun juge ne sait départager un homme et une femme. L’amour hétéro qui flanche est une sale idée, où les femmes-mères sont souvent perdantes, et les enfants plus encore.

Mais justement, « qui perd gagne » pourrait être aussi le mot d’ordre de notre moine qui s’est débarrassé•e de tout. Mais qui ne se fout pas de tout, contrairement aux apparences. Elle n'a pas oublié son Droit.

Dans Nom, elle entend continuer à sculpter sa vie dans l’écriture comme elle taille son corps dans les bassins, mais elle affiche aussi un projet politique. « Je suis le contraire de quelqu’un qui s’en fout ». Elle se défend aussi de tout projet autobiographique ou autofictionnel : « mes livres, ce n’est pas raconter ma vie, mes livres, c’est expliquer ce qu’il se passe, et comment on doit vivre ». Brûlante ambition, somme toute morale, façon Houellebecq. Non, écrire pour vivre ou vivre pour écrire, c’est faire face à la « vie lamentable que j’ai vue [vécue ?], la vie lamentable que je vois partout » (61). La « vie lamentable », ce n’est pas une question de pauvres ou de riches, c’est que « les gens ne sont pas sérieux », ni avec leur corps, ni avec le travail, ni avec leurs désirs, ni avec l’amour, ni avec ce qu’ils pensent. En résumé, ils ne sont pas « sérieux avec eux-mêmes ». Et qu’est-ce qu’être sérieux, pour notre moine-soldat ? C’est aller « jusqu’au bout ». Or, la plupart du temps, les gens « vont à demi ». Debré n'est pas radicale par les racines mais par ce qui pousse au dehors d'elle, parce qu’à un moment, elle n’a plus pu, comme on dit. Choisir. « Ce qui compte c’est la décision ». Et de citer Lacan dans une interview, « ne pas céder sur son désir ».

Si elle a jeté sa soutane d’avocat aux orties, si elle a défroqué de la Justice, c’est que « la justice ne veut pas dire grand-chose, ni pour la victime, ni pour celui qu’elle condamne, souvent ça ne veut rien dire, la justice, sauf pour ceux qui, comme on dit, l’exercent » (N, 139). Dans son ex-métier, le Christ l’a effleurée : il « a une gueule d’assassin et il porte des Nike Requin, je l’ai croisé souvent » (N, 135). Ailleurs aussi, une fois, avec son fils Paul : « on entre à Saint-Sulpice se reposer, on a encore une demi-heure. On prend de l’eau bénite, on fait le signe de croix, on met un cierge, on s’assoit, il me donne la main, on parle à voix basse, on se repose. » (LMT, 150)

En dépit des apparences, Constance Debré n’est pas la énième autofictionneuse du petit monde littéraire français. Elle a bien un programme politique à elle. « Je suis un chevalier de la foi et à chaque fois j’y crois » (N, 92), au milieu des « catastrophes légères ». Finalement, bon sang ne saurait mentir. Monsieur François Debré, vous pouvez être fier de votre fille et vous aussi, Madame.

Adieu Fabrice

Mardi 11 février 2025, adieux à Fabrice Zimmermann. J’aurais voulu dire quelque chose – déformation professionnelle ? – mais il ne me venait...